VICTORINE LE GRAND SECRET DE LOUISE MICHEL
Yves Murie, Victorine le grand secret de Louise Michel, éditeur Y. Murie, 1999.

L'auteur habite près de Cherbourg et se penche sur la vie d'une de ses ancêtres : Victorine Michel.

Une tradition orale familiale fait de cette Victorine Michel la fille de Louise Michel, la Communarde. Elle aurait été confiée à une famille Michel vivant dans la Manche, Louise Michel ayant refusé cette fille illégitime.

L’auteur s’efforce de démontrer que Louise Michel a eu des relations avec Victor Hugo ; de cette liaison serait née Victorine et le poète n'aurait jamais eu connaissance de cette fille conçue à Paris. Louise aurait dissimulé sa grossesse, accouché clandestinement en Haute-Marne où des amis auraient trouvé une famille Michel, loin dans l'Ouest qui aurait accepté l’enfant comme sa fille.

Si ingénieux que soit le montage, il ne convainc pas, mais constitue le scénario d'une œuvre de fiction à mettre à côté du roman policier où Sherlock Holmes apporte son aide à Karl Marx pendant la Commune.

Ce n'est pas la première fois que l'on prête à Louise Michel des aventures et son attachement à Ferré a souvent été mis en lumière. Quant à Victor Hugo, il nous a laissé assez de preuves de ses entraînements pour qu'on lui en prête d'autres. Suivant l'adage bien connu, on ne prête qu'aux riches.

À vrai dire, aux Amis de la Commune, nous n'avons pas de goût pour la presse à sensation et ses petites histoires, mais nous pensons aussi que l’écrivain a toujours le droit de prendre son bien dans l'histoire ou la légende ou de transformer l'histoire en légende.

Peut-être peut-on faire remarquer que cette aventure aurait trop bien servi les intérêts de la meute réactionnaire unissant dans une même haine l’adversaire de Napoléon le petit et la Communarde pour ne pas être utilisée. On sait comment ces procédés sont constants.

Notre Louise, c'est celle qui se bat, crie le l8 mars 1872 à Thiers sa haine de ses crimes, c’est celle qui aide les Canaques en Nouvelle-Calédonie. C’est la femme de toutes les misères. Difficile à croire que cette femme de bonté abandonne une petite Victorine surtout si elle était la fille du maître qu'elle admirait.

Raoul Dubois

Yves Murie, Victorine le grand secret de Louise Michel, éditeur Y. Murie, 1999.


LES LUMIÈRES DU MATIN

Robert Bigot, Les lumières du matin, édition Acte Sud Junior.

La littérature destinée à la jeunesse et parlant de la Commune n'est pas si abondante pour qu'on laisse disparaître des catalogues des ouvrages de qualité. Remercions les éditions Actes Sud d'avoir eu l'idée de rééditer « Les lumières du matin ».

À sa sortie, l'ouvrage avait reçu le prix Jean Macé, décerné par la Ligue de l’enseignement à un ouvrage s'adressant particulièrement aux adolescents. Comme beaucoup de livres de jeunesse, il pouvait satisfaire un large public, et bien des adultes ont découvert la Commune grâce à lui.

Pascal a 15 ans dans le Paris populaire qui s'oppose à l'Empire empêtré dans ses scandales, la guerre contre la Prusse achève le désastre. Paris se bat et subit le siège pendant que les Bourgeois qui ont encore une fois confisqué la République le 4 septembre ne pensent qu'à capituler. Avec sa famille, ses amis, ses voisins. Il va vivre ces journées de mars et l'espoir fou de la Commune jusqu'à la Semaine sanglante.

Quand il écrit son histoire. Pascal est devenu un homme, sa mère qui a connu les prisons de Satory et la déportation, revient, son père a assumé grâce à la solidarité ouvrière l'éducation de ses trois enfants. Ne nous y trompons pas, cette solidarité est un combat, elle entretient l'attente du nouvel élan.

« D'autres, comme nous, déjà se lèvent et marchent »,

dit Pascal en I879.

Et que la marche soit longue, nous ne le savons que trop. Mais les lumières du matin brillent toujours pour qui sait les voir.

Raoul Dubois

Robert Bigot, Les lumières du matin, édition Acte Sud Junior.

 

GUSTAVE COURBET ET LA COLONNE VENDÔME

Jules Castagnary, Gustave Courbet et la colonne Vendôme, Du Lérot éditeur, Tusson – Charente.

Plaidoyer pour un ami mort.

Au moment même où s’ouvrait, au musée d’Orsay, l’exposition Courbet et la Commune, la parution de cet ouvrage s’est avérée particulièrement opportune. Bertrand Tillier, en publiant le plaidoyer du critique d’art Castagnary, contribue à la réhabilitation de Courbet, étranger au renversement de la Colonne.

Les preuves irréfragables apportées par Castagnary démontrent pleinement l’injustice flagrante dont fut victime le grand peintre.

Un appareil critique érudit et détaillé, établi par Bernard Tillier, permet de replacer l’affaire judiciaire dans son contexte historique et de réfuter les calomnies et les mensonges des suppôts de l’ordre moral.

Marcel Cerf

Jules Castagnary, Gustave Courbet et la colonne Vendôme, Du Lérot éditeur, Tusson – Charente.

 

ÉTATS D’ÂME D’UN « NEUTRE »

Pierre-Lucien Moynot, Souvenirs intimes, éditions Banque de France, 1999.

La Banque de France a édité début 2000 les Souvenirs intimes écrits en 1897 par Pierre-Lucien Moynot, entré à la banque en 1848 comme auxiliaire et ayant accompli quarante-six années de services jusqu’à sa retraite en qualité de directeur de la comptabilité des billets en 1894.

Ces documents, non destinés à la publication, et qui selon l’auteur, devaient « rester dans les archives familiales », constituent un volume de 455 pages. Ils racontent la vie dans les bureaux et les ateliers, tracent de nombreux portraits de collaborateurs de la banque, et décrivent les évènements politiques majeurs du siècle, de la Révolution de 1848 à la Commune de Paris en passant par le siège et la guerre de 1870.

L’auteur de l’introduction note que P.-L. Moynot « ne retient des révolutions que les déprédations, les massacres et les destructions », mais croit pouvoir affirmer à propos de la Commune qu’il « ne se situe ni dans un camp ni dans un autre », en se fondant sur l’éloge qu’il fait de Charles Beslay, délégué de la Commune auprès de la Banque, et de Francis Jourde, délégué au finances, en les remerciant d’avoir contribué à sauvegarder la banque, l’un par « son énergique résistance », l’autre « par honnêteté ».

En réalité, l’auteur se situe résolument du côté du gouvernement de Versailles dont il est serviteur zélé, et son récit illustre sa position au cours des évènements. Il décrit dans les détails les réquisitions dont la banque fait l’objet de la part de la Commune, les tentatives d’occupation de l’établissement, en montrant comment les premières sont constamment réduites par le sous-gouverneur de Ploeuc, les secondes déjouées grâce à l’appui de Beslay et aux tergiversations de Jourde.

 Cet ouvrage confirme les faits bien connus de l’histoire de la Commune. En cde qui concerne plus particulièrement la Banque de France, il présente l’intérêt de décrire comment le conseil de régence, l’ensemble du personnel resté sur place constitué en bataillon de la Garde nationale, ont transformé l’établissement en une véritable forteresse, résisté par tous les moyens à la Commune et collaboré activement avec le gouvernement de Versailles jusqu’à la fin de la « Semaine sanglante » dont il s’emploie à minimiser l’horrible bilan répressif.

René Bidouze

Pierre-Lucien Moynot, Souvenirs intimes, éditions Banque de France, 1999.

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