Dans la deuxième partie du 19e siècle, on estime à quelque 25 000 les Limousins présents dans la région parisienne, beau­coup d'entre eux étant originaires de la Creuse. Ils représentent alors diverses branches de la construc­tion : maçons, tailleurs de pierre, paveurs, scieurs de long, charpentiers, couvreurs, peintres...

Il faut dire que, depuis plusieurs siècles, les métiers du bâtiment constituent un marqueur fort de l'identité creusoise. Née en 1997, l'association des « Maçons de la Creuse »* contribue, par des recherches, des confé­rences, des expositions, des visites sur le terrain, des publications, à une meilleure connaissance du phéno­mène. Par sa durée, par ses spécificités géographiques et professionnelles, par son ampleur, celui-ci apparaît unique dans le monde ouvrier.

Des migrants creusois sur un chantier
Des migrants creusois sur un chantier

En 2020, l'association a entrepris la constitution d'un annuaire numérique participatif et évolutif. Il s'enrichit chaque jour, atteignant actuellement 30 000 noms en ligne. Ainsi commence à se dessiner le visage d'une migration qui concerne non seulement toutes les communes de la Creuse, mais aussi tous les départements de la France métropolitaine en ce qui concerne les destinations.

Nul n'ignore le rôle des provinciaux œuvrant dans la capitale dans l'avènement de la Commune de Paris. Bien évidemment, les Creusois étaient en première ligne. Près de 400 d'entre eux figurent d'ores et déjà dans cet annuaire. C'est là le fruit des recherches menées par des adhérents de l'association qui compi­lent des données issues de diverses sources en ligne : le Maitron, les données collectées par J.-C. Farcy (1), les Archives nationales d'outre-mer, la Société des sciences naturelles, archéologiques et historiques de la Creuse, le site de Bernard Guinard (2), etc. Celles-ci sont à chaque fois confrontées et complétées avec des données d'état-civil.

Ainsi, pour chaque communard identifié, une fiche est établie avec plus ou moins de renseignements selon les sources disponibles. Celle-ci peut être enri­chie par tous et à tout moment grâce à la fonction « Je souhaite compléter les informations » présente sur chacune d'elles.

En annexe, plusieurs fiches font l'objet d'informa­tions illustrées notamment sur la déportation en Nouvelle-Calédonie. Citons par exemple celles d'Eugène Ricard, Silvain Prugnat, ou Rémy Cerbelaud. Sans oublier Mathieu Chabrouty et Jean Savy, qui nous font revivre une histoire digne du romanesque.

À noter que le travail des bénévoles de l'association se poursuit sur la base des recherches de l'historien creusois Pierre Urien.

Pour consulter les fiches, grâce à un moteur de recherche, l'internaute se rend sur le site de l'associa­tion lesmaconsdelacreuse.fr et choisit la rubrique annuaire des maçons migrants. Il peut alors effectuer une recherche par nom ou commune de naissance et visualiser l'ensemble des 400 noms en tapant Commune de Paris dans la case « mot-clé ».

JEAN-PIERRE VERGUET

*Association loi 1901 reconnue d'utilité publique ; elle a notamment participé au financement de la tapisserie Es jorn qui a fait la couverture de notre numéro 89.

Notes :

(1) Site : communards-1871.fr : La répression judiciaire de la Commune de Paris : des pontons à l’amnistie (1871-1880).

(2) bernard-guinard.com

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