Claude Willard, qui vient de mourir, était bien davantage qu’un Président d’honneur de l’Association des Amies et Amis de la Commune de Paris 1871 : cet homme d’une élégance rare en était une figure à la fois attachante et respectée.
Se vouer à cette association, la plus ancienne du mouvement ouvrier français, n’avait rien de formel chez lui. Ce n’était rien d’autre que la marque d’une fidélité de toute une vie, amour d’un ancrage familial voué au grand rêve de la Sociale, attachement indéfectible à un engagement de jeunesse dans le mouvement communiste et dans l’action résistante, passion intellectuelle pour l’étude d’un mouvement ouvrier qui, pendant longtemps, n’attira pas la foule des chercheurs et des institutions.
Claude mit toute son ardeur et son ouverture d’esprit à l’étude ambitieuse et exhaustive du courant guesdiste français, puis l’élargit à celle du mouvement socialiste et communiste français. Profondément cultivé, professeur inoubliable, déterminé à faire connaître et aimer l’histoire de ce peuple que l’on oublie trop, il ne cultivait pas les honneurs, préférant le « bien vivre » et la fraternité au paraître, tout comme la magnifique Germaine Willard, qui partagea sa passion jusqu’à sa mort en 2003.
Claude fréquenta Jacques Duclos, par l’entremise de son père, l’avocat communiste Marcel Willard. Il côtoya longtemps son camarade et collègue, l’historien Jean Bruhat. C’est donc tout naturellement qu’il leur succéda à la tête de l’Association des Amis de la Commune, en 1984. Il en fut le Président jusqu’en 2007, toujours lui-même, passionné, attentif, chaleureux, d’une ouverture constante. Il ne confondit jamais le désir de poursuivre une trace et la frilosité conservatrice. Il considérait que, puisque décidément la Commune n’était pas morte, l’association qui se réclamait de sa mémoire et de ses valeurs devait elle aussi évoluer pour vivre.
Pour lui, la Commune ne pouvait être la chasse gardée de quiconque, organisation ou courant d’idée. Puisque la Commune était plurielle, ses héritiers devaient cultiver ce pluralisme et ce regard porté au-delà de Paris et de la France. Il rêva même d’une association internationale, qui s’est réalisée dans les faits sinon dans la structure, si l’on en juge par l’attrait aujourd’hui universel pour la Commune et pour l’ensemble de ses acteurs.
Claude confiait souvent sa fierté devant le travail réalisé dans l’association, avec lui et par ses successeurs après lui, Claudine Rey et Jean-Louis Robert. On comprendra ici que nous retournions l’hommage : l’association des Amies et Amis de la Commune est fière d’avoir bénéficié de l’élan de cet homme exceptionnel. Elle s’associe à la peine de sa famille, à celle de son fils François et de Marie-Claude, sa fille, si pleinement impliquée dans nos travaux. Mais cette peine, comme la nostalgie du Temps des cerises, n’atténue pas, bien au contraire, la détermination de poursuivre la même quête communarde de la justice sociale et de l’émancipation humaine.
Association des Amies et Amis de la Commune de Paris 1871