Cette année, nous avons choisi de célébrer le début de la Commune en évoquant ses apports à la démocratie sociale, lors d’un parcours dans les IIIe et IVe arrondissements de Paris. Alors que notre association s’appelle depuis peu Les Amies et Amis de la Commune, quoi de plus normal que de commencer par évoquer les communardes.

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18 mars 2014 - Nous nous sommes arrêtés à côté de la mairie du IIIe arrondissement

LES FEMMES ET L’ÉGALITÉ SOCIALE

Nous étions nombreux, square Élisabeth Dmitrieff, pour écouter Sylvie Pépino parler de la condition féminine et expliquer qu’à l’époque, elles n’avaient rien à perdre ; en effet, comme l’écrit Victor Hugo :

«  Il y a des citoyens, il n’y a pas de citoyennes  ».

Elles réclament alors l’égalité des salaires, fondent des coopératives de consommation ou des sociétés de secours mutuel. Elles demandent les armes, constituent un bataillon féminin ; Elisabeth Dmitrieff, membre de l’Internationale, appelle les femmes aux barricades et participe aux derniers combats. On peut lire sur des affiches :

« La lutte pour la défense de la Commune, c’est la lutte pour le droit des femmes  ».

L’INTERNATIONALE

Puis, nous avons marché jusqu’à la rue de la Corderie, et devant le numéro 14, siège parisien de l’Internationale pendant la Commune de Paris, Yves Lenoir rappelle les circonstances de la fondation de l’Internationale et les grèves, notamment celle des relieurs, où l’Internationale a été présente et active. La Chambre fédérale des sociétés ouvrières, qui compte 56 sociétés et 40 000 membres, siège rue de la Corderie.

Nombreux sont les Internationalistes qui s’engagent dans la Garde nationale. De plus, des Comités de vigilance républicaine se fédèrent en Comité central républicain des vingt arrondissements qui siège aussi au 14.

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14 rue de la Corderie, siège parisien de l’Internationale pendant la Commune

Les Internationalistes ont payé un lourd tribut à la répression sur les barricades et devant les pelotons d’exécution, comme Eugène Varlin, Emile Duval… Nathalie Le Mel a quant à elle été déportée.

Jean-Louis Robert fait remarquer qu’il serait grand temps d’apposer une plaque au 14 rue de la Corderie pour y rappeler la présence de l’Internationale.

LES DÉCRETS PRIS DANS LE IIIE

Après être passés place Nathalie Le Mel, nous avons longé le carreau du Temple tout en chantant la Commune avec Malène, Yves, Françoise, Claudine au micro, puis nous nous sommes arrêtés à côté de la mairie du IIIe arrondissement où Françoise Bazire a pris la parole pour rappeler les quelques décrets pris dans cet arrondissement, comme celui qui remplace les bons de pain par des cartes personnelles ; l’ouverture à la mairie, salle 30, d’un bureau de placement pour les ouvriers boulangers ; la mise en place d’un bureau d’assistance communale avec création de dix fourneaux communaux et d’une pharmacie communale (pour remplacer la charité par la solidarité) ; la possibilité de bénéficier de consultations médicales gratuites à la mairie du IIIe ; la création d’une maison des orphelins avec une instruction morale et libre avec des professeurs laïques.

L’ÉVOCATION DU DROIT DU TRAVAIL

L’étape suivante est face au cirque d’Hiver, appelé ainsi depuis 1873. Aline Raimbault, dans son intervention, nous dit que ce bâtiment, construit en 1852, s’est d’abord appelé Cirque Napoléon, puis Cirque national. C’est alors un lieu de concerts et de réunions, et il peut contenir jusqu’à 6 000 personnes.

Des avancées du droit du travail ont eu lieu pendant la Commune, comme l’abolition du travail de nuit dans les boulangeries par décret du 20 avril ; puis pour contrer les patrons qui décidaient de passer outre, Léo Fränkel obtient, par arrêté du 4 mai, que l’infraction du travail de nuit soit suivie de la saisie des pains fabriqués la nuit et de la distribution aux nécessiteux des municipalités d’arrondissements.

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Le Cirque d’Hiver, appelé cirque National sous la Commune, lieu de concerts et de réunions

C’est au cirque national que les ouvriers boulangers sont venus célébrer ces avancées avec musique, drapeaux rouges et bannières de leurs corporations. D’autres mesures concernent également l’organisation et le droit au travail : citons, par exemple, la suppression des amendes et retenues sur salaires ou traitements par l’arrêté du 27 avril, la réquisition des ateliers abandonnés, une nouvelle organisation du travail dans les entreprises avec des règlements intérieurs très précis comme aux Ateliers du Louvre et à l’Imprimerie nationale…

L’IMPRIMERIE NATIONALE ET LA COMMUNE

Nous cheminons à nouveau et passons devant le 87 rue Vieille du Temple où siégeait à l’époque l’Imprimerie nationale. Rue des 4 Fils, c’est Marc Lagana qui prend la parole à ce sujet. La mission de cette imprimerie, depuis 1640, a toujours été d’imprimer les textes de lois et des gouvernements, et depuis le siège de 1870, elle produit les affiches officielles.
Pendant la Commune, elle est au service de celle-ci, publiant Le Journal officiel et ses affiches (environ 400, soit cinq à six par jour).

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87 rue Vieille du Temple où siégeait à l’époque l’Imprimerie nationale

Ces affiches officielles concernent toute l’activité de la Commune comme les élections, les décrets dont celui qui ordonne la suspension de la vente des objets déposés au Mont-de-Piété. Fait notable : c’est un ouvrier typographe, Debock, qui assure la direction de l’Imprimerie nationale, et un autre ouvrier typographe, André Alavoine, qui devient sous-directeur ; ils sont tous deux membres de l’Internationale. L’Imprimerie nationale a vu le début de l’application des réformes sociales de la Commune : la diminution des appointements de la direction, l’augmentation des salaires, y compris des heures supplémentaires, la rémunération à la journée plutôt qu’aux pièces ; la principale mesure a été l’élection des chefs d’ateliers avec un véritable début d’autogestion.

LE MONT-DE-PIÉTÉ

Nous avons achevé ce parcours par une animation devant l’Espace des Blancs-Manteaux. Certains de nos amis ont mené une action autour du Mont-de-Piété pendant la Commune. En effet, les gens qui avaient mis en gage des objets de moins de 20 francs, sauf les bijoux et anneaux de mariage, pouvaient venir reprendre gratuitement ces objets. Jean-Louis Robert a appelé successivement un Didier Varlin qui a pu récupérer un vilebrequin à 10 francs, un autre reçut une masse de 5 francs, Pauline Rolland reprit une scie à 18 francs, mais ni Lucien Thiers, ni Cécile de Mac-Mahon ne purent récupérer une montre de 45 francs, ni des bijoux à 18 francs. L’interprétation de cette petite scène a réjoui toute l’assistance.

Annette Huet a prononcé le discours final que les participants ont conclu en chantant l’Internationale. Une passante à bicyclette s’est arrêtée un instant pour dire combien elle était émue d’entendre ce chant, en ce lieu : elle ne l’avait pas entendu depuis si longtemps…

Puis, elle a poursuivi son chemin dans le vent vigoureux et les derniers accents de cette « lutte finale  » !

MICHÈLE CAMUS

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