À l’occasion du 18 Mars dernier, le parcours commémoratif du début de la Commune en 1871 a illustré les multiples initiatives démocratiques lancées par les communards. La prochaine montée au mur des Fédérés, le samedi 24 mai prochain, sera l’occasion de remettre en avant cette dimension centrale des ambitieux espoirs de la Commune. La démocratie, gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple, est conçue par les communards comme un exercice quotidien et effectif. La mise en œuvre de cette aspiration au cours de la Commune est un trait majeur qui l’identifie comme une référence pour celles et ceux qui partagent ce qui reste aujourd’hui un objectif.
En une durée trop brève, les expériences mises en œuvre durant les semaines de la Commune de Paris ont ouvert de nouvelles perspectives qui, par bien des aspects, restent très actuelles.
La conscience patriotique fonde d’abord l’insurrection du Comité central de la Garde nationale, qui prend l’initiative de ne pas laisser à une puissance étrangère le soin de trancher par la force ou par des factions les conditions d’existence du citoyen. Bien des peuples aujourd’hui peuvent encore mesurer la profondeur de leur ruine quand leur souveraineté est ravie par des puissances étrangères, proches ou lointaines.
En 1871, le souci d’affirmer la souveraineté populaire, la maîtrise de tous les citoyens sur leur destinée, s’inscrit aussi dans la mémoire alors vivante des expériences des insurrections précédentes, de 1848, des années 1830 et de la Commune insurrectionnelle de 1792. Pour ne pas se faire confisquer une révolution par un césar ou par une faction, la recherche d’une mise en pratique de la démocratie s’impose à l’esprit des communards.
Cette mise en œuvre ne se limite pas à des aspects institutionnels. L’élection du Conseil de la Commune et son fonctionnement ouvrent une pratique politique nouvelle et la mobilisation des citoyens organisés dans les clubs, la vie locale, ou des organisations autonomes.
L’exercice de droits réels et effectifs se déploie sur le terrain politique et représentatif, mais aussi dans les entreprises avec une approche autogestionnaire, le droit au travail et le droit du travail, les droits des femmes, la culture, la presse, avec à chaque fois la participation et le contrôle des citoyens et des citoyennes.
Cette année ne sera sans doute pas de trop pour revenir sur les multiples facettes de l’œuvre démocratique de la Commune.
HENRI BLOTNIK