Le patriote et général italien Giuseppe Garibaldi a apporté son appui à la République française pendant la guerre de 1870. Avec ses fils Menotti et Riccioti, il a combattu et vaincu les Prussiens en Bourgogne, d’octobre 1870 à janvier 1871.
Giuseppe Garibaldi (1807-1882)
Giuseppe Garibaldi (1807-1882)

 

Après la défaite de Sedan, le 2 septembre 1870, les armées prussiennes occupent rapidement tout l’est de la France. Giuseppe Garibaldi, héros des guerres d’unification de l’Italie, et ardent républicain, se met, dès le 4 septembre 1870 au service de la République française. Il arrive à Marseille le 7 octobre et rencontre, à Tours, Gambetta qui le charge d’organiser l’armée des Vosges dans l’est de la France.

Garibaldi installe son état major à Dôle, dans le Jura, le 14 octobre. Il est assisté de ses fils Menotti et Riccioti, de son gendre Stéfano Canzio, de Joseph Bordone, un Avignonnais d’origine italienne qui avait participé avec lui aux guerres d’unification de l’Italie, du général Josef Bossak-Hacké qui avait participé, en 1863, à l’insurrection polonaise contre l’empire russe. L’armée des Vosges était composée de gardes mobiles, de gardes nationaux originaires des Alpes-Maritimes et de Savoie, de corps francs de l’est et du sud-est de la France, de volontaires étrangers : polonais, hongrois, espagnols américains et surtout italiens.

Le 9 novembre, Garibaldi établit son quartier général à Autun, à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de la capitale bourguignonne. Le 11 novembre, il organise son armée de 10 000 hommes en quatre brigades.

Quand l’armée des Vosges prend position, Dijon est occupée depuis le 30 octobre par les armées badoises alliées aux Prussiens. Dans son avancée dans la vallée de la Saône vers Lyon, l’armée prussienne est stoppée par des francs-tireurs, le 5 novembre, à Nuits-Saint-Georges. Elle se replie à Dijon d’où elle doit se contenter d’effectuer des sorties souvent contrariées par l’action des francs-tireurs qui, bénéficiant du soutien de la population, tendent des embuscades comme à Vougeot, le 20 novembre.

De novembre 1870 à janvier 1871, l’armée des Vosges tente de reprendre la capitale de la Bourgogne. Elle harcèle l’armée prussienne par des opérations de guérilla qui immobilisent sur place le gros des troupes ennemies. Le 19 novembre, Riccioti Garibaldi fait 200 prisonniers allemands à Chatillon-sur-Seine, à 80 km au nord de Dijon, et s’empare d’armes et de munitions.

État-major de Garibaldi - Armée des Vosges, batailles de Dijon (source : Marseille, musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée)
État-major de Garibaldi - Armée des Vosges, batailles de Dijon (source : Marseille, musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée)

Le 14 janvier 1871, Giuseppe Garibaldi installe son état-major à Dijon reconquise sur les Prussiens. Du 21 au 23 janvier, 4 000 Prussiens tentent de reprendre Dijon. Ils sont repoussés par les Garibaldiens qui ont la satisfaction, le 23 janvier, de s’emparer du drapeau du 61e régiment poméranien. Ce drapeau, l’un des deux seuls pris aux Allemands pendant la guerre de 1870, sera exposé aux Invalides jusqu’en 1940 et sera alors récupéré par les occupants allemands. Le 26 janvier 1871, les Garibaldiens défilent dans Dijon pour célébrer l’une des rares victoires françaises de la guerre de 1870.

Aux élections législatives du 8 février 1871, Giuseppe Garibaldi est élu député des Alpes-Maritimes, de la Côte-d’Or, de la Seine, du Doubs et d’Algérie. Le 12 février, devant l’Assemblée siégeant à Bordeaux, il renonce à ces mandats et demande la parole pour proposer que le parlement honore tous les volontaires étrangers qui avaient combattu pour la France. Le président de l’Assemblée refuse cette intervention et Garibaldi sort sous les huées des députés versaillais majoritairement monarchistes. Le 8 mars 1871, devant la même Assemblée, Victor Hugo proteste en ces termes :

Garibaldi est le seul des généraux qui ont lutté pour la France, le seul qui n’ait pas été vaincu. Il y a trois semaines, vous avez refusé de l’entendre. Aujourd’hui vous refusez de m’entendre. Cela me suffit. Je donne ma démission.

Garibaldi rentre alors en Italie et se retire dans l’île de Caprera, au large de la Sardaigne, où il meurt en 1882.

Le buste de Guiseppe Garibaldi dans le parc du château de Pouilly à Dijon
Le buste de Guiseppe Garibaldi dans le parc du château de Pouilly à Dijon

Dijon a honoré Giuseppe Garibaldi en érigeant une statue à son effigie en 1900. Ce monument a été fondu par les occupants allemands en 1944. Un buste de Garibaldi a été érigé en 1961, rue Jean-Jacques Rousseau. À la demande de l’AMAG (Association franco-italiennede mémoire de l’armée des Vosges) présidée par Anita Garibaldi-Jallet, arrière-petite-fille du héros des Deux Mondes, le buste de Garibaldi a été transféré et inauguré le 13 octobre 2014, dans le parc du château de Pouilly, près de l’endroit où les Garibaldiens s’étaient emparés d’un drapeau allemand, le 23 janvier 1871 (notre photo).

YVES LENOIR

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