Cette grande dame n’a pas écrit l’histoire de la Commune. Elle l’a faite ! Pas d’écriture de ses mémoires, pas de lettres, rien. Que sa signature parmi d’autres au bas des affiches de la Commune qui proclament comme nous le voyons sur la carte 2010 :
« Nous voulons le travail pour en garder le profit, plus d’exploiteurs plus de maîtres ».
L’année 2010 est donc placée sous l’effigie de cette grande figure. Une très belle occasion de faire sortir de l’ombre ce personnage qui consacra toute sa vie à la défense du monde ouvrier.
Elle naquit à Brest en 1826. Les parents de Nathalie ont fait des sacrifices pour la doter d’un bon niveau d’instruction. Elle se marie en 1845 et l’on retrouve le couple Le Mel, libraires à Quimper.
Ils « montent » à Paris dix ans avant la Commune. Ils ont trois enfants. Elle travaille dans un atelier de reliure proche de la gare Montparnasse, quartier des Bretons, et se fait remarquer parce que, selon un rapport de police, « elle s’occupait de politique, lisait à haute voix les mauvais journaux et fréquentait assidûment les clubs ». Elle est membre de l’Association internationale des travailleurs.
En 1865, le syndicat des relieurs créé par Varlin et Nathalie Le Mel réclame et obtient l’égalité de salaire entre les femmes et les hommes. Varlin propose la création d’un restaurant populaire communautaire la Marmite et choisit Nathalie pour diriger l’équipe. C’est un succès !
Sous la Commune, elle se fixe comme objectif d’organiser les femmes. Elle crée, le 11 avril 1871, avec Élisabeth Dmitrieff, l’Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés. Son programme reprend nombre de revendications : égalité des salaires entre hommes et femmes, droit au travail (organisation des ateliers réquisitionnés), reconnaissance de l’union libre, droit au divorce, etc.
Durant la Semaine sanglante elle tient, avec d’autres femmes, la barricade de la place Blanche.
Elle est arrêtée le 21 juin 1871 et condamnée à la déportation en enceinte fortifiée. Elle rentre enfin le 28 juin 1879. Le 8 novembre 1879, elle préside le banquet de reconstitution de la Chambre syndicale ouvrière de la reliure et travaille comme plieuse au journal de Rochefort l’Intransigeant. Lorsque, usée par cette vie de combat, elle quitte cet emploi, Rochefort lui sert une petite pension. Mais Rochefort verse dans le Boulangisme. Nathalie refuse alors cette allocation restant ainsi dans le plus total dénuement.
Aveugle, âgée de 90 ans, elle entre à l’hospice de Bicêtre et décède cinq ans plus tard, le 8 mai 1921, mois anniversaire du cinquantenaire de la Commune !
CLAUDINE REY
Note
L’ouvrage Nathalie Le Mel, une communarde bretonne, révolutionnaire et féministe d’Eugène Kerbaul est en cours de réédition aux Éditions du Temps des cerises.