Du rattachement de ce village au XXe arrondissement de Paris (1860) jusqu’à la Commune, l’exposition de la Médiathèque Marguerite Duras raconte l’histoire de Charonne dans la deuxième moitié du XIXe siècle.
Alors que la capitale étend sa toile aux fortifs, la viticulture et l’exploitation du gypse touchent à leur fin.
La petite industrie migre depuis le faubourg Saint-Antoine jusqu’aux hauteurs de Belleville. Après la chute du Second empire, la parole ouvrière se libère dans les clubs.
Perchées du haut de la chaire de l’église Notre-Dame de la Croix à Ménilmontant, les femmes prêchent la création d’ateliers coopératifs de couture ou de sacs de sable en jute pour protéger les barricades. Zéphirin Camélinat, bronzier et syndicaliste, nommé directeur de la Monnaie de Paris pendant la Commune, fait frapper 256 410 pièces de 5 francs, du type Dupré émis en 1795. Il imprime sa marque personnelle au revers de la pièce : un trident, nous révèle l’exposition. Mais le 21 mai, les loups versaillais entrent dans Paris. La jonction des corps d’armée de Thiers s’effectue Porte des Lilas. Les rues Haxo et Ménilmontant, la mairie du XXe tombent tour à tour. Les derniers combats se concentrent autour et au cœur du cimetière du Père-Lachaise.
Avec la répression sauvage, des milliers d’ouvriers qualifiés et artisans sont arrêtés, fusillés ou émigrent. Les coopératives subsistent et permettent de nouvelles organisations du travail et du logement. La Campagne à Paris acquiert l’ancienne carrière du Père Roussel, près de la Porte de Bagnolet, pour faire bâtir une centaine de maisonnettes par ses adhérents, ouvriers et fonctionnaires.
L’exposition se conclut sur cette phrase :
« Du gypse aux pioches haussmaniennes, des heures dramatiques de la Commune à l’émergence du logement social, l’ancien village de Charonne s’apprête enfin à devenir un quartier de Paris ».
JOHN SUTTON
Exposition De la vigne aux barricades : Charonne et l’est parisien (1850-1880), jusqu’au 28 décembre. Conférence le 21 novembre, à 19 h. Médiathèque Marguerite Duras : 115, rue de Bagnolet, Paris XXe. Tél : 01 55 25 49 10