Comment est-ce possible ?

Comment est-ce possible qu’en 1871 on avait déjà compris qu’il n’y a aucune espèce de raison naturelle à ce que certains gagnent abondamment leurs vies sur le dos des autres, en les exploitant et en les faisant vivre dans des conditions misérables ? 

Quand, aujourd’hui, certaines et certains se lèvent chaque matin avec la peur au ventre de subir la pression et la dépression au travail, avec la peur de le perdre et le voir céder à quelqu’un d’autre de toujours plus rentable, malléable, interchangeable ou, pire, à une machine.

Club de communardes
Club de communardes pendant la Commune de Paris 1871

Quand, aujourd’hui, des actionnaires spéculent sur nos vies, sur notre environnement, en font des marchandises et des sources toujours plus nombreuses de profit.

Comment est-ce possible qu’en 1871 les femmes aient déjà pu goûter au droit à l’égalité, au droit d’avoir une existence passionnante en dehors de leur foyer, au droit de travailler comme les hommes, au droit de gagner le même salaire pour le même travail, au droit de s’auto organiser ?

Quand tant de femmes, encore aujourd’hui, sont assignées à résidence, se censurent dans leur orientation professionnelle, se sentent en insécurité dans l’espace public, se font harceler au travail, sur les réseaux sociaux, se font agresser, jusqu’à subir viols, violences conjugales et féminicides.

Comment est-ce possible que sous la Commune de Paris, une personne immigrée n’avait pas besoin de réclamer le droit à la dignité, avec ou sans papiers ? Qu’elle ait pu se voir confier des responsabilités politiques sans avoir d’efforts incommensurables à faire pour être intégrée à la société ?

Quand aujourd’hui ce droit est sans cesse bafoué, du parcours inhumain des migrants que l’on expulse et rejette violemment aux frontières, aux provocations et discours racistes qu’on entend quotidiennement autour de nous, dans les médias, en passant par la discrimination à l’embauche, le travail précaire, sous-payé, les contrôles aux faciès.

Alors, bien sûr, loin de nous l’idée de faire des comparaisons osées, inopportunes, ou déplacées. Les femmes et les hommes de la Commune de Paris n’avaient pas un programme prédéfini. Mais l’insurrection, momentanément réussie, a permis d’ouvrir un espace d’expérimentation, que certaines et certains essaient aujourd’hui de trouver, que ce soit dans la rue, dans les assemblées comme à Commercy ou à Saint-Nazaire, ou dans les campagnes rebelles, avec un gilet jaune, rouge ou noir, sans leaders ou avec des leaders spontanés, qui font office de porte-paroles éphémères.

Nous ne pouvons donc pas nous empêcher de faire des ponts entre le passé et le présent, et de relier toutes celles et ceux qui résistent, de 1871 à aujourd’hui. Laissons-nous envahir par cette utopie réalisée à travers l’œuvre de la Commune, et voyons ce qui en émerge.

FLORIANE GULA

 

 

 

Dernières publications sur le site