Début septembre 1870, les armées prussiennes déferlent sur Paris suite à la défaite lors de la bataille de Sedan, le 1er septembre.

Pour défendre Paris lors de l’inévitable siège qui s’annonce, des canons sont déployés sur l’enceinte et les 16 forts ceinturant Paris : 2600 canons de modèle divers, principalement du modèle 1858 (portée de 4km), et les modèles "Joséphine" ayant une portée de 10km.

Canon de campagne de 4 - modèle 1858 (Musée de l'Armée - Paris)
Canon de campagne de 4 - modèle 1858 (Musée de l'Armée - Paris)

Dans Paris même, des ateliers d’armements sont mis en place, comme dans le palais du Louvre par exemple. L'armée assemblait dans ses ateliers de Meudon un canon moderne, le Modèle 67.

Paris encerclé, la production se poursuivit dans Paris intra muros, et 200 pièces d’artillerie ont été finalement fabriquées, à partir de bronze et d'acier récupéré en refondant les essieux de locomotives. Ces canons fabriqués durant le siège, ont été payés par souscription des Parisiens.

Après plus de 4 mois de siège, suite à la signature du traité préliminaire de paix du 26 février 1871, la colère gronde parmi les Parisiens concernant les termes de ce traité, le peuple s’estime trahi par le nouveau gouvernement, élu le 8 février, à tendance monarchique. Les Prussiens obtiennent de Thiers une occupation symbolique des Champs-Élysées du 1er au 3 mars. Pour les mettre hors d’atteinte des allemands lors de leur entrée dans Paris, les canons de la garde nationale sont disposés, entre autre, sur les buttes de Montmartre et de Belleville.

Voici la localisation des pièces d’artilleries aux mains de la Garde nationale, au 17 mars soir, selon Jules Claretie :

      • Montmartre, 171
      • Clichy, 10
      • La Chapelle, 43
      • Buttes-Chaumont, 52
      • Salle de la Marseillaise (51 rue de Flandre), 31
      • Belleville, 22
      • Ménilmontant, 42
      • Place des Vosges, 30
Montmartre, le champ des Polonais - L'arsenal de la Commune, les canons des parisiens (source : © Anonyme – Musée Carnavalet – Histoire de Paris)
Montmartre, le champ des Polonais - L'arsenal de la Commune, les canons des parisiens (source : © Anonyme – Musée Carnavalet – Histoire de Paris) 

 

Un garde nationale, George Guillaume, témoigne de la volonté des gardes nationaux de préserver leurs canons :

M. Thiers devait être bien embarrassé. Le quartier des buttes Montmartre était maintenant capable de résister à une attaque. Lorsque, le 9 mars, j’allai visiter les travaux de défense, je trouvai toutes les rues qui aboutissaient aux buttes gardées par des sentinelles, et la place Saint-Pierre entourée de barricades. Cette place était un véritable camp retranché. Une vingtaine de canons et une douzaine de mitrailleuses en défendaient les abords. Trois postes de gardes nationaux gardaient la colline, et un quatrième, au pied, la place Saint-Pierre. Une grande et forte barricade, au coin de la rue des Acacias, construite avec des moellons, des tonneaux et une charrette renversée, était surmontée d’un drapeau noir. C’était une menace permanente au gouvernement, ou plutôt, dans l’intention des habitants de Montmartre, une invitation à respecter la République, et à ne pas empiéter sur les droits du peuple.

Pour mettre fin à l’agitation des Républicains depuis plusieurs semaines, Thiers est pressé par une majorité des députés de désarmer la Garde nationale. Il échoue par deux fois : le 8 mars, à Montmartre et le 16 mars, place des Vosges, car les soldats de la Garde nationale s’y opposent. Plusieurs maires d'arrondissement, dont Clémenceau, interviennent auprès du ministre de l'Intérieur Picard pour éviter de faire couleur le sang français, mais celui-ci reste inflexible.

 Les canons de la Butte Montmartre, que les troupes du gouvernement d’Adolphe Thiers ont voulu reprendre le 18 mars 1871, enclenchant l’insurrection de la Commune de Paris. ( © photo Bruno Braquehais)
Les canons de la Butte Montmartre, que les troupes du gouvernement d’Adolphe Thiers ont voulu reprendre le 18 mars 1871, enclenchant l’insurrection de la Commune de Paris. ( © photo Bruno Braquehais)

 

L’importance stratégique du canon

Ces tentatives de reprendre les canons aggravent la situation : ces armes ayant été achetés par souscription publique, le peuple de Paris estime que c’est à la fédération républicaine de la garde nationale d’en disposer, et non à une armée à la solde des monarchistes.

De plus, privés de canon, le peuple se verrait sans défense vis-à-vis d'éventuelles attaques des troupes gouvernementales, comme lors de l’insurrection ouvrière de juin 1848.

Les canons font partie intégrante de la construction de barricades en temps d’insurrection. La multiplication des révoltes utilisant des barricades a montré aux Parisiens leur intérêt militaire pour lutter contre une armée régulière.

 Commune de Paris 1871 - La Garde nationale
Commune de Paris 1871 - La Garde nationale

 

Les forces des Républicains

La Garde nationale rassemble 180 000 hommes, issus du peuple (petite bourgeoisie et du monde ouvrier) qui se sont portés volontaires pour défendre Paris durant le Siège. Ces soldats sont proches des revendications du peuple. Ils seront impliqués dans la défense de la Commune de Paris.

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