Jules Louis Latissière naît le 10 novembre 1832 à Éguzon (Indre), dans une famille de marchands-propriétaires. En 1851, il est déjà parti à Paris, car il n'est plus recensé avec ses parents.

Les inconnu-e-s de la CommuneEn 1871, il est maçon, « célibataire ou en concubinage », selon le commissaire de police de Neuilly. Garde national à la compagnie sédentaire du 35e bataillon de Neuilly pendant la guerre de 1870, il continue pendant la Commune et prend une part active dans la lutte, aux barricades surtout, pendant la nuit du 21 au 22 mai. Il est fait prisonnier le 22 mai avenue de Wagram. Le 9e conseil de guerre de Sèvres l'acquitte le 8 janvier 1872. Il compa­rait devant le 7e conseil de guerre permanent de Saint-Germain-en-Laye, le 3 mai 1872, au motif :

d'avoir fait partie de bandes qui ont tenté le crime mentionné en l’article 87 ; avoir été saisi sur le lieu de la réunion séditieuse ; avoir, dans un mouvement insurrectionnel à Paris, porté des armes apparentes et revêtu un uniforme militaire étant porteur d’armes et avoir fait usage de ses armes.

Il est condamné à la déportation simple. Dans l'attente de son départ, il est transféré au dépôt des déportés du Fort de Quélern du 18 juin au 28 septembre 1872. Il part pour la Nouvelle-Calédonie le 28 septembre 1872 par le Var, et arrive le 9 février 1873 à l'île des Pins. Il forme un recours en grâce qui sera rejeté. Sa peine est commuée en 7 ans de détention le 14 février 1878, il sera en détention simple à partir du 6 mai 1878, puis rayé des contrôles le 25 octobre 1878. Il fait partie des 108 déportés embarqués sur le Tage pour subir sa nouvelle peine en France. Il arrive à Brest le 12 février 1879. Il bénéficiera d'une remise de peine le 15 janvier 1879 par le conseil de guerre.

Le 25 novembre 1879, il épouse Marie Joséphine Alexandre, 59 ans, veuve, couturière, qui décèdera le 5 juin 1890. Le 12 juin 1890, il est retrouvé noyé dans le quartier de Javel, puis transporté au 2 quai de l'Archevêché. Il se serait peut-être suicidé. Son décès est enregistré en date du 30 juin à Paris IVe.

Son neveu Célestin Stanislas, fils de Silvain (frère de Jules-Louis), voit le jour le 27 sep­tembre 1854 à Chantôme (commune rattachée à Éguzon en 1974). Sa mère décède le 1er avril 1857, son père se remarie le 29 juin de la même année. La famille déménage vers 1866 dans la commune de Cuzion. Son frère ainé, Silvain Jules, sera engagé volontaire en 1870. Contrairement à son frère et son oncle Louis Jules, il n’est pas arrêté pendant la Commune, il revient au pays et se marie en 1876 à Éguzon.

Prison de Thouars
Prison de Thouars

En 1871, Célestin, qui a 17 ans, est domicilié rue Marcadet ; il est garçon maçon, célibataire, engagé volontaire pour la durée de la guerre, garde national à la 4e compagnie de marche du 79e bataillon (XVIIIe arrondissement). Il quitte son régiment après le 18 mars, entre à la 1ère compagnie du 79e bataillon courant avril et passe une semaine à Issy ; le 23 mai il est à Ménilmontant (renseignements défavorables). Après la prise de la gare du Nord, il se réfugie au Château-Rouge, où il est arrêté ce même 23 mai. Il passe devant le 20e conseil de guerre du 4 juin 1872, il est condamné à 5 ans de détention à la prison des Chantiers de Versailles. Il y reste du 6 septembre 1872 au 25 novembre 1873, puis est transféré à Thouars (Deux-Sèvres) au motif de « port d'armes et port d'uniformes dans un mouve­ment insurrectionnel ». Son père fait une demande de recours en grâce qui est rejetée. Il décède le 30 avril 1876 à Thouars. Il sera tout de même gracié par le Président de la République en juillet 1876. Mais il était malheureusement décédé.

LUCETTE LECOINTE

Sources :

Archives départementales de l'Indre, état-civil et recen­sement. Archives départementales des Deux-Sèvres. Archives de Paris IVe. Fonds Jean-Claude Farcy. Fiche ANOM (Archives natio­nales d’outre-mer), matricule 1450. Le Rappel (directeur gérant Albert Barbieux), 1876-08-11, Gallica

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