Toutes les heures, tous les jours, lors des JT, sur les radios et les télévisions, dans la grande presse, des «  économistes  », petits laquais du capital, viennent nous sommer de choisir : baisser le coût du travail, supprimer le droit du travail ou alors ce sera plus de chômage.

Si ce chantage vise d’abord à assurer des profits plus larges au capital, il s’agit aussi d’opposer les travailleurs aux chômeurs. Les premiers, devenus des « nantis », doivent accepter des sacrifices pour que les seconds retrouvent du travail. On peut aussi développer chez les travailleurs un sentiment de résignation pour sauver leur emploi.

Dans ce schéma, les chômeurs ne sont pas épargnés, car ils coûtent trop également… Au fond, cette campagne vise à opposer le droit du travail (et les droits sociaux) au droit au travail.

Si les temps ont changé, il convient de rappeler certains points de l’action de la Commune qui gardent toute leur actualité. D’abord, la Commune n’ignorait nullement les questions du développement économique. On oublie trop souvent que la Commission du Travail s’était fixée comme objectif premier de

« favoriser les industries nationales et parisiennes » et de « développer le commerce international d’échange, tout en attirant à Paris les industries étrangères de façon à faire de Paris un grand centre de production  ». 


Léo Fränkel
C’est en tenant les deux bouts, droit du travail ET droit au travail que la Commune va tenter de remettre en route l’économie de la capitale. Le décret du 16 avril réquisitionne les ateliers abandonnés pour leur « prompte mise en exploitation par l’association coopérative des travailleurs qui y sont employés ». Mais l’objectif n’est pas de répéter les Ateliers nationaux de 1848. Il s’agit, dans une vue à long terme, de «  faciliter la naissance de groupements sérieux et homogènes  » qui confectionneront «  des objets marchands ».

Et en même temps, la Commune instaure un vrai droit du travail : la suppression des amendes, l’interdiction du travail de nuit des boulangers, la journée de 10 heures. Mais la réflexion de Fränkel va plus loin. Il constate que

«  si le prix de la main-d’oeuvre reste comme aléa dans les marchés, c’est lui seul qui apporte le rabais  ».

Il faut donc que l’État intervienne pour introduire « le prix minimum » à la journée. C’est le progrès des techniques qui devient alors le seul authentique facteur de la baisse des prix des produits.
La situation n’est pas la même, et sans doute plus complexe, mais l’idée que DROIT AU TRAVAIL ET DROIT DU TRAVAIL VONT ENSEMBLE garde toute sa modernité.

Retrouvons-nous nombreux, le 28 septembre, pour notre fête de la Commune, l’espoir au cœur.

JEAN-LOUIS ROBERT

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