Entre mémoire, histoire et espoirs

Dès que nous parlons de la Commune, on en vient toujours à des histoires de murs. À celui des Fédérés, au Père Lachaise, bien sûr. Puis quand on se penche sur son histoire, on atterrit souvent au pied de la plaque dans le local du 46 rue des Cinq Diamants :

« Aux morts de la Commune. 21-28 mai 1871 ».

Et, à côté de la plaque, l’association des Amies et Amis de la Commune de Paris 1871 qui fête cette année ses 140 ans, ses 2 200 adhérents à la fringante activité, avec l’objectif de faire connaître les idéaux de la Commune.

Cliché pris lors de la Montée au Mur des Fédérés 2022 - bulletin N°91
Cliché pris lors de la Montée au Mur des Fédérés 2022 - bulletin N°91

Oui, devant l’immense déception qui hante le peuple de gauche et en l’absence de débats autour des enjeux réels, il faut rappeler l’extraordinaire richesse de la Commune, de ses réalisations et de ses idéaux.

Notre régime présidentiel, couplé à un régime parlementaire, est-il une démocratie véritable ? La Commune instaure, elle, il est vrai à l’échelle d’une ville et pendant quelques semaines, un véritable gouvernement du peuple par le peuple :

« Les membres de l’assemblée municipale sont sans cesse contrôlés, surveillés, discutés par l’opinion, sont révocables, comptables et responsables — Ne peut-on avoir pour perspective une véritable démocratie citoyenne, participative, où la nation puisse exercer une véritable souveraineté, et ce, à tous les niveaux, avec des espaces publics de débats, de décisions, dans une totale transparence » (Appel du 22 mars 1871 aux électeurs, par le Comité central de la Garde nationale).

Autre priorité : combattre tous les programmes visant à la déréglementation des acquis sociaux, avec son culte de l’argent-roi ; substituer la solidarité à l’individualisme ; éradiquer les menaces qui pèsent sur les entreprises publiques, etc.

La Commune est, ici encore, source d’inspiration. N’a-t-elle pas voté le moratoire sur les loyers, décrété que les logements abandonnés seraient réquisitionnés, supprimé les amendes et retenues sur salaires, lutté contre le chômage, aboli le travail de nuit pour les boulangers, commencé à instaurer le principe pour les femmes et les hommes

« à travail égal, salaire égal ».

Allant plus loin encore, la Commune applique la pleine démocratie à l’entreprise avec la création des ateliers coopératifs, qui inspire le décret du 16 avril 1871, prévoyant la remise en marche par les ouvriers des ateliers que leurs patrons ont désertés.

Oui, décidément la Commune demeure d’une extraordinaire fécondité et nous le crierons haut et fort lors de la fête de la Commune le 24 septembre sur la place de la Commune dans le XIIIe arrondissement.

JOËL RAGONNEAU

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