Lors d’un séjour dans la maison familiale en Anjou, Thierry de Bresson retrouve une malle très ancienne dans le grenier. Au moins 150 ans. Il l’ouvre et … découvre la malle au trésor.

Elle contient tous les documents d’un arrière-grand-père, fourrier (soit secrétaire militaire) du commandant en chef des navires dans la rade de Brest. Douze navires qui allaient accueillir plus de 10 000 communards (ou soupçonnés de l’être) immédiatement après la Semaine sanglante. Parmi eux, 150 enfants.

Brest - les pontons de la rade servant de prison par Eugène Grand (source : Le Monde Illustré du 15 juillet 1871)
Brest - les pontons de la rade servant de prison par Eugène Grand (source : Le Monde Illustré du 15 juillet 1871)

L’aïeul a conservé tous les documents : ceux venant de Paris, les échanges entre les bateaux de la rade et ceux avec la terre ferme à Brest, etc. Une mine pour les historiens. Documents d’autant plus précieux que cet épisode de neuf mois qui a suivi la Commune a été très peu étudié. On peut y voir les conflits entre une armée de terre qui a raflé dans Paris tous les suspects possibles qui n’avaient pas été fusillés sur place et une marine qui considère que tous les arrivants à Brest sont présumés innocents puisque non encore jugés. D’ailleurs, 7 000 d’entre eux seront libérés après instruction de leurs dossiers. Les autres partiront en détention, le plus souvent en Nouvelle-Calédonie.

Les conditions de vie sur les navires, épouvan­tables, sont décrites par le menu, puisque chaque dépense de la marine est facturée à l’armée de terre. Les détenus vivent dans les batteries sans jamais voir la lumière du jour. Cinq jours par semaine, la nourriture est seulement composée d’un peu de pain et de biscuit. 171 détenus y périrent.

Thierry de Bresson et son ami Stéphane Gatti cherchent alors à faire connaitre leur découverte, ils se transforment en historiens pour approfondir tout le contexte et le sens de leurs pépites sorties de la malle. Deux expositions sont organisées fin 2022 : une de 18 panneaux près du château et une des documents originaux aux archives de Brest. Ces documents seront également transférés aux amis de Trégor-Argoat pour exposition. Ils sont aujourd’hui disponibles pour tous ceux qui souhaiteraient les faire connaitre.

Deux livres reproduisant les principaux docu­ments, sortes de catalogues de l’exposition, ont été édités. Ils sont déposés à la bibliothèque de notre Association et y seront bientôt en vente.

JEAN-PIERRE THEURIER

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