Augustin Moreau-Vauthier est le père du sculpteur Gabriel Jean-Paul Moreau-Vauthier, dit Paul Moreau-Vauthier (1871-1936), connu pour son bas-relief au square Samuel de Champlain (côté avenue Gambetta) dans le XXe arrondissement de Paris.

Cette commande de la Ville de Paris était destinée à prendre place devant le Mur des Fédérés, à l’intérieur du cimetière. Face aux nombreuses protestations, la Ville de Paris renonça à cette installation et cette œuvre ne fut jamais inaugurée officiellement. Elle ne verra aucun hommage populaire, car elle porte en référence une dédicace « aux victimes des révolutions », mêlant ainsi dans le même hommage bourreaux et victimes.

 Augustin Moreau-Vauthier (1831-1893)
Augustin Moreau-Vauthier (1831-1893)

Durant la Commune (18 mars-28 mai 1871), le sculpteur Augustin Moreau-Vauthier est membre de la Commission fédérale des artistes (liste publiée au Journal officiel du 22 avril 1871). Il est pourtant absent de toutes les plaquettes éditées par la Ville de Paris recensant les communards inhumés au cimetière du Père-Lachaise.

"La Douleur" - sculpture de Augustin Moreau-Vauthier
"La Douleur" - sculpture de Augustin Moreau-Vauthier

Jean Augustin Moreau, dit Augustin Moreau-Vauthier, naît à Paris le 8 mai 1831. Il entre à l’École des Beaux-Arts de Paris en 1850, dans l’atelier du très classique sculpteur Armand Toussaint, inspiré par la mythologie grecque, comme le prouve, à Marseille, la façade du Palais de la Bourse.

Dans ses œuvres, Augustin Moreau-Vauthier fait preuve, comme son maître, de classicisme. Nous pouvons le constater sur les murs de l’Hôtel de Ville de Paris (façade rue Lobau, 2e étage) où l’on peut admirer plusieurs de ses œuvres comme Le Génie civil, une commande arrêtée le 10 août 1879 et soldée en 1881. Toujours sur ce même édifice, on trouve sur la façade principale (pavillon gauche, rez-de-chaussée) son Molière, une statue de 2 mètres de haut, terminée en 1882. Deux cariatides pour la voûte de la Salle des Fêtes (1885) contribuent, ironie de l’histoire, à la reconstruction de l’Hôtel de Ville, incendié lors de la Commune de Paris.

Étonnamment ils sont quatre sculpteurs, anciens communards, à avoir été choisis pour participer à cette restauration : outre Moreau-Vauthier, Ottin père, Capellaro et Just Becquet. Très surprenant est aussi le fait qu’Augustin Moreau-Vauthier soit décoré de la Légion d’honneur en 1877, donc avant même l’amnistie. On ne trouve d’ailleurs nulle trace de poursuites judiciaires à son encontre.

On peut s’interroger sur cette attitude magnanime, si l’on songe à la répression qui s’est abattue sur les Parisiens durant les années qui suivirent la Commune. En témoignent les listes conservées au Musée de la Poste à Paris, relevant les peines d’emprisonnement pour les employés de la poste, embauchés sous la Commune pour rétablir le service public et pallier la défaillance de ceux qui avaient suivi Thiers dans sa fuite à Versailles.

Augustin-Jean Moreau-Vauthier - La PeintureParmi l’œuvre d’Augustin Moreau-Vauthier, on peut citer : au Musée d’Orsay à Paris, un marbre, Petit buveur, réalisé en 1869. À Nantes, au Château des ducs de Bretagne, un marbre, Néréïde, vers 1875. Au Musée des Beaux-Arts de Rennes : La Fortune, vers 1878 ; un marbre, Andromède, en 1885 ; un bronze, Pifferaro ; et un marbre Bacchante couchée, en 1892.

Il exécute également des décorations pour les églises Saint-Bernard (Paris XVIIIe) et Saint-Joseph-Artisan (Paris Xe). L’année de sa mort, en 1893, trois de ses œuvres sont exposées à Chicago, dans la galerie de la World Columbian.

Augustin Moreau-Vauthier meurt à Paris le 17 janvier 1893. Sur sa tombe, située dans le cimetière du Père-Lachaise à Paris (entrée boulevard de Belleville, rond-point Casimir-Perier), le bronze haut de 1 m 60 d’une magnifique Douleur est le témoin du grand talent oublié de ce sculpteur.

On peut penser que cette œuvre, comme la gravure du dessinateur Daumier reflètent ce que fut la terrible répression commise par le gouvernement de Thiers, véritable crime de guerre, que l’histoire retiendra sous le sinistre nom de Semaine sanglante (du 21 au 28 Mai 1871).

CLAUDINE REY

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