Cette carte postale a été éditée par les Amis de L’Humanité à l’occasion de la montée au Mur du 27 mai 1945, la première depuis la Libération de Paris. L’encart, dont on notera qu’il est signé conjointement par la Fédération Socialiste de la Seine et la Région Paris-Ville du Parti communiste, souligne la filiation entre le combat des communards et la résistance antinazie :

En honorant les morts de 71, les patriotes parisiens se rappelleront comment les communards maintinrent la République, comment l’héroïsme des communards contribua à développer l’esprit de sacrifice, de lutte antihitlérienne dans notre pays, l’esprit d’union et d’action du peuple parisien qui se libéra lui-même de la vermine nazie.


Cette carte a servi de support à une correspondance, dont on ne connaît ni l’auteur, ni la destinataire (« Melle X. Raymonde »). Manifestement, après avoir commencé à écrire l’adresse, l’autrice des lignes a essayé de l’effacer pour faire de la place à sa lettre :

On est tous très bien, mais cette jeune femme je ne la connais pas. Hier dimanche, on avait la fête ici, une kermesse pour les prisonniers. On s’est bien amusée car il y avait bal, mais j’ai été bien sage. En attendant de tes nouvelles, reçois de celle qui te chérit tous ses plus gros baisers. Tu me diras si ta maman n’a pas trouvé du sel, je lui en enverrai et si tu veux des cigarettes aussi tu me diras le prix…

On remarquera, bien sûr, que le mur représenté n’est pas le Mur des Fédérés…

Lorsque des amis ont découvert cette carte lors d’un vide-grenier, ils ont dit : « Ça, c’est pour Claudine ». J’avoue que cela fut une belle surprise. Depuis quelques années, elle est posée sur une étagère dans mon bureau, de façon à ce qu’elle ne reçoive pas la lumière du soleil.
Cette carte, éditée en 1945, est un moment de vie où, selon le texte manuscrit, une fête est donnée en l’honneur des prisonniers de guerre ; un moment où l’on manque de produits essentiels, comme le sel par exemple. Et puis nous y lisons aussi dans le pavé imprimé, ce témoignage d’union de patriotes parisiens qui rappelle dans ce court encart, que les communard(e)s ont sauvé la République.
Curieux hommage cependant, avec un mur qui n’est pas celui des Fédérés, puisqu’il se trouve square Champlain, à l’extérieur du Père Lachaise, le long de l’avenue Gambetta. On note que ce monument, dont l’auteur est Paul Moreau-Vauthier, le fils du sculpteur communard Augustin Moreau-Vauthier, n’a jamais vu de manifestations populaires en hommage à la Commune. En effet, cette commande de la Ville de Paris tente d’honorer « les victimes de la Commune », comme l’inscription sur le monument le démontre, voulant mêler ainsi les bourreaux et les victimes.
L’hommage de la Montée au Mur se porte chaque année vers la plaque posée en 1908 par les communards de retour d’exil et de déportation, sur le Mur à l’intérieur du cimetière, à deux pas du lieu où 147 fédérés furent fusillés le 28 mai 1871.

Sur le « faux mur des Fédérés », voir : www.commune1871.org/la-commune-de-paris/histoire-de-la-commune/commune-1871-ephemeride/1271-commune-1871-ephemeride-27-mai-le-faux-mur-des-federes
L’article renvoie à plusieurs articles précédemment parus dans le bulletin.

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