La commission des barricades
Après la malheureuse sortie du 3 avril, l’armée de la Commune quelque peu démoralisée par son échec, se cantonne de plus en plus dans une stratégie purement défensive. Celle-ci a été préconisée par le général Cluseret, délégué à la Guerre, qui n’a aucune confiance dans la puissance d’attaque des Fédérés. La Commune l’a d’ailleurs incité à adopter une telle méthode puisqu’elle déclare, en blâmant l’offensive du 3 avril, qu’elle entend tenir désormais les opérations militaires sous sa direction, et ordonne à Cluseret de rester sur la défensive (1).
Le 5 avril 1871, le général adresse aux membres de la Commission exécutive un rapport dans lequel il dévoile ses intentions :
Notre position est celle de gens qui, forts de leurs droits, attendent patiemment qu’on vienne les attaquer, se contentant de se défendre. (2)
La Commune est alors encore en situation favorable : elle est maîtresse d’une grande ville et possède des ressources considérables en hommes et en matériel. Il est possible de fortifier la capitale en prévision d’un siège inévitable.
Les barricades devaient faire partie du système défensif de Paris. Elles devaient suppléer le silence des forts, évacués ou pris d’assaut. C’était la base même de la guerre des rues qu’on devait non seulement prévoir mais préparer, organiser à l’avance. (3)
Le 7 avril, Cluseret invite les élèves des écoles spéciales à s’enrôler dans le service des fortifications. Le 8, il institue une Commission des barricades présidée par le commandant de place, et composée des capitaines du Génie, de deux membres de la Commune et d’un membre élu pour chaque arrondissement. Les premières mesures du délégué à la Guerre laissent supposer qu’il va consacrer tous ses efforts à la réalisation d’une défense intérieure efficace. Cependant, il va immédiatement se décharger de sa tâche sur son chef d’état-major, le colonel Rossel. Pourquoi s’est-il désintéressé de la direction des travaux ? Il a tenté de se justifier au cours d’un entretien accordé après les événements :
Si j’avais laissé construire des barricades, il eût été impossible de tenir les hommes dans les forts et même aux remparts. Chacun fût resté dans son quartier pour n’en plus sortir. (4)
La première séance de la Commission des barricades a lieu le 12 avril à 3 heures et demie de l’après-midi, sous la présidence du colonel Rossel. On convient de commencer par démolir les barricades du 18 mars, construites à la hâte et sans méthode, pour les remplacer par un nouveau système de défense. La Commission arrête l’emplacement de deux lignes de barricades faisant le tour de la ville. Deux types de constructions sont prévus : l’un pour les grandes voies de communication, l’autre pour les petites. Les mesures du fossé, du talus et de la banquette, sont rigoureusement déterminées. Ce nouveau modèle de barricade, conçu par des ingénieurs et réalisé par des spécialistes, est sans doute inspiré par Rossel, officier du Génie. La barricade-forteresse de 1871 contraste totalement avec celle, improvisée, des révolutions antérieures. La rationalisation de la construction constitue une modification profonde de la technique de la guerre des rues. La Commission décide que le procès-verbal de la séance sera publié et affiché, à l’exception des mesures qui règlent l’emplacement et la stratégie des barricades (5).
La publicité exceptionnelle donnée au tracé des barricades fut vivement critiquée par Paul Martine, ami de Rossel, estimant que la Commune « ... eut bien l’impardonnable tort d’en indiquer la structure et le plan dans le Journal Officiel du 13 avril » (6).
Après la séance inaugurale, la Commission des barricades, considérée comme partie accessoire de la Défense par Cluseret et son successeur Rossel, manque de cohérence dans son fonctionnement et souffre de la faiblesse de sa direction. Bien des arrêtés furent pris pour la construction des barricades sans qu’on s’inquiétât de leur exécution.
Les inventeurs
De nombreux projets furent présentés à la Commission des Barricades : Guilbot, délégué du XIe arrondissement, propose un système à étages, avec étage inférieur voûté et crénelé. Si le complexe de trois barricades en amphithéâtre de Roques ne fut pas retenu, en revanche la barricade mobile d’un certain M. Paul suscita de grands espoirs. Pendant le premier siège, il avait déjà présenté un prototype à la Commission des Barricades, présidée alors par Rochefort. Divers modèles « mobiles ou roulants » furent soumis à la Commission, mais aucun d’eux ne paraît avoir été adopté ni exécuté. Le principe pourtant séduisit bien des esprits. Vallès s’en fait l’écho dans son drame en cinq actes intitulé La Commune de Paris. L’un des personnages déclare que l’ancienne barricade a fait son temps mais que, pourtant, « si elle était couverte, blindée, montée sur roues/.../ » (7), elle serait alors un moyen moderne de défense remarquable.
Un blindage pour barricade fut également mis à l’étude. Il consistait en plaques de fer appliquées sur un matelas de caoutchouc, dans l’épaisseur duquel on avait ménagé des cannelures destinées à augmenter l’élasticité. L’insurrection prit fin avant que ces blindages fussent terminés (8).
Un des plus intéressants projets fut celui de Gérard, conducteur du Génie (9). Il analyse d’abord la faiblesse de la barricade ancienne, due, d’une part à celle des matériaux entrant dans sa composition, et d’autre part à son tracé perpendiculaire à la rue, plaçant les défenseurs sur une seule ligne, très vulnérable, et interdisant tout feu de flanquement. Le tracé à employer pour fortifier une voie de quarante mètres de largeur est tout simplement le front de fortification de Vauban, qui permet en outre de placer 32 hommes au lieu de 26. Pour les voies de 12 m, on choisira le tracé dit « de tenaille » qui donne un flanquement excellent. Les profils proposés sont calculés pour résister au canon rayé de 12 ou de 7. La note de Gérard est illustrée par une série de croquis relatifs aux deux systèmes de barricades proposés.
La direction de Gaillard Père
Les décisions prises par la Commission des Barricades dans sa séance du 12 avril auraient pu avoir des résultats positifs si elles avaient été appliquées sérieusement.
Au cours des débats, un personnage s’impose, le citoyen Gaillard père (10), à qui la Commission confie la construction des barricades du Ier et du XXe arrt. Le 14 avril 1871, il lance un appel au dévouement de tous les citoyens qui veulent garantir Paris contre une surprise ou une trahison, et promet une solde de 4 F par jour (11). La construction des barricades des rues Saint-Florentin et de Castiglione est immédiatement entreprise. Le 17 avril, le délégué à la Guerre, qui n’admet pas d’empiétement sur son domaine, réagit à l’initiative de Gaillard père :
Le citoyen délégué à la Guerre apprend qu’on fait des travaux de barricades qui ne lui ont pas été soumis, et qu’on promet une haute paye pour ce travail. Cette haute paye ne sera pas payée (12).
Gaillard Père concède en effet que :
le prix de 4 F par jour, fixé par la Commune, est trop élevé dans les circonstances présentes.
Le prix est donc ramené à 3 F et il fait de nouveau appel aux volontaires (13).
Mais Gaillard, qui n’a pas accepté les semonces de Cluseret, s’adresse aux citoyens membres de la Commission exécutive pour leur faire part de son indignation (14). Bientôt Rossel succède à Cluseret et donne pleins pouvoirs à Gaillard père :
« Paris, 30 avril 1871
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Ce plan, s’il avait été convenablement suivi, aurait pu assurer la défense de la capitale. Pourquoi Rossel a-t-il confié la responsabilité de cette tâche primordiale à Gaillard, un brave homme, mais sans aucune compétence en la matière ? Peut-être Rossel ne croyait-il pas à ce mode de défense, sa formation militaire ne l’ayant pas préparé à la guerre des rues ; ou peut-être voulait-il, par l’intermédiaire de Gaillard -orateur des clubs, très prisé - affermir son pouvoir en conquérant un soutien populaire (16). C’est la thèse soutenue par Cluseret (17) et Da Costa (18). Les lettres amicales de Rossel à son subordonné viennent appuyer cette supposition :
« Paris, le 1er mai 1871 Au citoyen GAILLARD père Hôtel du Louvre |
Le bataillon des barricadiers
La création du Bataillon des Barricadiers confirme la volonté de confier la construction à des travailleurs spécialisés, encadrés par des techniciens éprouvés.
Le 25 avril 1871, par ordre du colonel chef d’état major Rossel :
Le citoyen Gaillard père est autorisé à former pour la construction des barricades des compagnies spéciales. Ces compagnies composeront un bataillon dont le citoyen Gaillard Père prendra le commandement/.../ (20)
D’après le rapport rédigé par Gaillard (21), le 15 mai 1871, le bataillon spécial des barricadiers devait être composé de dix compagnies de 150 hommes, chacune d’elles sous les ordres d’un ingénieur-inspecteur ayant rang de capitaine.
L’état-major, siégeant au Grand Hôtel du Louvre, avait à sa tête un directeur général ayant rang de commandant en chef : Gaillard père ; un sous-directeur ayant rang de capitaine adjudant-major, secrétaire général : Gaillard fils. Le contrôle du ministère de la Guerre était exercé par un capitaine d’état-major, Édouard-Achille Ballière (22). La solde des travailleurs était celle de l’artillerie. Ouvriers et piqueurs portaient des vêtements civils mais un uniforme spécial était prévu pour l’état-major ; celui de Gaillard père ne manquait ni d’éclat ni de pittoresque s’il faut en croire Maxime Vuillaume (23).
À sa dissolution, le 15 mai 1871, le bataillon des barricadiers était à moitié formé et comprenait 800 hommes et 40 officiers.
Le château Gaillard
La place de la Concorde fut barricadée sur quatre points. L’ouvrage le plus considérable se trouvait à l’angle de la rue de Rivoli et de la rue St-Florentin/.../ Cette barricade était percée de cinq embrasures. Elle masquait un chemin couvert derrière lequel se trouvaient de nouvelles fortifications. Le tout constituait une double masse de terre enfermée dans des sacs et dans des tonneaux. (24)
Haut de deux étages avec bastion, redan, courtine et fossé large et profond devant le talus, le château Gaillard avait fière allure :
Pendant que Gaillard élevait, à la grande joie des badauds, les forteresses secondaires de la rue de Rivoli et de la rue Castiglione, les points véritablement stratégiques du Trocadéro, de l’Arc de triomphe, de la butte Montmartre, etc. restèrent à peu près dégarnis (25)
Gaillard, qui ne doute pas de ses capacités, n’accepte aucun conseil et refuse la tutelle du Génie militaire. Le 3 mai, il écrit à Rossel :
Vous le savez, mes instants sont comptés, Je ne pourrai suffire à tout si l’on me crée des obstacles/.../ (26)
Les officiers du Génie veulent en effet installer une batterie au Trocadéro, à l’emplacement où son bataillon doit élever une barricade.
Le directeur du Génie, Roselli-Mollet (27), critique sévèrement l’activité brouillonne de Gaillard, dans une lettre envoyée le 2 mai (28) au délégué à la Guerre :
Les arrondissements qui n’ont aucune probabilité d’être attaqués se garnissent d’ouvrages importants et coûteux, tandis que les arrondissements menacés sont dépourvus des défenses les plus élémentaires.
Rossel ne prendra pas en considération de tels avertissements car il classe péremptoirement le directeur de l’artillerie « parmi les plus désastreusement médiocres de tous ».
Certains délégués d’arrondissement ne sont pas non plus d’accord avec les méthodes de leur directeur. Le délégué du XVIe arrondissement se plaint que le citoyen Gaillard père, usant de son mandat, embauche des hommes à un salaire double de celui que lui-même accorde, ce qui entraîne la désertion de son chantier et un gaspillage organisé (29). Rossel continue cependant à témoigner beaucoup de confiance au directeur des barricades. Le 7 mai, il lui demande :
Quel jour me promettez-vous d’aller travailler à Issy, malgré les obus, jusqu’au plateau voisin du fort d’Issy ? (30)
et le même jour :
Proposez-moi des mesures pratiques pour détruire les communications des Versaillais. (31)
Le 8 mai, Gaillard présente encore ses doléances à Rossel :
Hier, j’ai parcouru avec mon fils divers quartiers de Paris pour examiner les barricades en construction. Elles sont toutes défectueuses dans leur ensemble et dans les détails. (Ne devrait-il pas s’en prendre à lui-même ?)
Toutefois, si vous voulez que je puisse agir efficacement, il ne faut pas que le fardeau soit au-dessus de mes forces. J’ai donc prévenu le colonel Borgella (32) qu’à partir de demain c’est lui qui doit se charger de faire la paye à ses ouvriers/.../A vous de cœur. (33)
Le directeur de l’artillerie n’a pas non plus ses faveurs).
La fin d’un règne
Le 12 mai, Gaillard sollicite quelques instants d’entretien auprès de Delescluze, nouveau délégué à la Guerre. Il veut lui exposer ses conceptions relatives à la défense intérieure et extérieure de Paris. Sans attendre son acceptation, il l’avertit :
Je me rendrai auprès de vous ce soir, à partir de 9 heures. (34)
Le 14 mai, le directeur des barricades écrit au Comité de Salut Public qu’il refuse de s’associer aux représentants du Génie militaire, en raison de « leur incapacité et de leur mauvais vouloir ». Il ne veut avoir, dit-il, aucune responsabilité dans leur mauvaise direction des travaux (35).
Ses rapports avec Ballière ne sont guère meilleurs. Le 6 mai, cet officier s’est vu refuser l’entrée de la barricade de Rivoli dont il voulait relever le plan. Inspecteur consciencieux, il signale dans ses rapports les barricades dont les pavés n’ont pas été recouverts d’au moins 1,50 m de terre, comme le prévoit le règlement.
Le 15 mai, Gaillard père envoie une longue lettre au citoyen Delescluze :
« Citoyen Le temps presse, les heures s’écoulent, il faut agir. De grâce, ayez confiance en mon patriotisme/.../ Il faut que la place de la Concorde soit entièrement fortifiée : qu’une ligne de formidables barricades soit établie immédiatement de Montrouge à l’Arc de Triomphe et de l’Arc de Triomphe aux Batignolles. En même temps, la citadelle de Montmartre, celle du Trocadéro et de la Montagne Sainte Geneviève. |
Delescluze, qui n’accorde aucun crédit à ces hâbleries, l’invite plutôt à donner sa démission, et Gaillard doit s’incliner le 15 mai :
La démission du citoyen Gaillard père, chargé de la construction des barricades et commandant des barricadiers, est acceptée à ce double titre/.../.
À la mi-mai, outre le château Gaillard, il existe une quinzaine de barricades, plus ou moins achevées, construites par les délégations d’arrondissement. Seules celles de la place Vendôme, de la place de la Concorde et du Trocadéro ont été édifiées sous la direction effective de Gaillard. Quelques délégués d’arrondissement ont correctement accompli leur tâche. Le délégué du XVIIIe a déterminé soigneusement l’effectif nécessaire à la défense de chacune de ses sept barricades en voie d’exécution. Rossel a apprécié les compétences du commandant du Génie Dianoux, architecte responsable des barricades du XVIIe arrondissement. Il a même pensé à lui confier les travaux de défense de la Porte Maillot.
Buyat, dans le XIVe, a fortifié la rue de Vanves, l’avenue de Châtillon, l’avenue du Maine et la Porte d’Orléans. Ces barricades sont de véritables redoutes établies sur une base maçonnée, avec escarpe et fossé en avant, de 2 m de profondeur ; elles ont 7 m d’épaisseur sur une hauteur moyenne de 2,80 m (37). Mais ces ouvrages dispersés sont insuffisants, et la reprise en main par le Génie militaire est généralement bien accueillie. Le 20 mai 1871, l’ancien chef d’état-major hongrois de la guerre d’indépendance commente favorablement le changement :
/.../ En ce qui concerne les travaux de barricades et lignes défensives en général, je constate le plus heureux et le plus complet changement grâce à la très intelligente direction du Génie militaire tant dénigrée dans certains groupes malveillants, les travaux d’amateurs, absurdes mais très coûteux, ont cessé. (38)
Gaillard ne s’avoue pas vaincu pour autant. Il veut faire accepter son nouveau plan de défense par Bergeret, membre de la Commission de la Guerre. Avant de lui accorder une entrevue, celui-ci demande l’autorisation à Delescluze qui lui répond sans détour :
Paris, le 19 mai 1871
Citoyen Bergeret. Je ne vois aucun inconvénient à ce que vous receviez le commandant Gaillard père. Quant à moi, je suis fixé sur sa compétence en fait de barricades, et je ne rentrerai pas dans la voie ruineuse, où l’ex-commandant des barricades a lancé la Commune/.../ » (39)
À la séance du conseil de la Commune du 19 mai, la gestion de Gaillard père est fortement critiquée par Chalain, élu du XVIIe arrt (40). Des sommes importantes ont été engagées pour la construction des barricades et l’installation des batteries. La démolition du tunnel de la Porte Maillot a coûté 12 000 F (41). On a éprouvé des difficultés à recruter la main d’œuvre nécessaire, alors que les soldats désarmés de l’armée régulière, les réfractaires et une partie de la Garde nationale sédentaire auraient pu être employés utilement à l’exécution des travaux de défense. L’architecte Delbrouck, capitaine du Génie, a proposé à Delescluze, le 15 mai, d’employer tous ces inactifs (42), mais rien n’a été entrepris dans ce sens.
Chalain avait aussi pris pour cible le directeur du Génie Roselli-Mollet. Il lui reprochait le montant élevé de sa solde et celle de son état-major.
Vesinier, élu du Ier arrondissement, prit énergiquement sa défense :
Les travaux que Roselli a fait exécuter depuis le Point-du-Jour jusqu’à l’Arc de l’Etoile, mettent cette partie à l’abri de toute attaque et obligeraient nos ennemis à un siège de plus d’un mois avant de pouvoir entrer dans Paris. (43)
En réalité, il ne fallut que quelques heures à l’armée des Versaillais pour occuper la partie ouest de Paris, du Point-du-Jour à l’Étoile.
Le successeur de Gaillard ?
La disgrâce de Gaillard père stimula les ambitions d’un nommé Bellivier (44) qui fit publier dans le Journal de Félix Pyat, Le Vengeur, son plan de défense de Paris.
L’article fit grand bruit et fut repris dans le Journal Officiel du 15 mai et dans le Cri du Peuple du 17 mai :
S’il était chargé de la défense, il ferait construire, toute affaire cessante, une ligne de fortifications qui, partant de la place Péreire, embrasserait et relierait entre elles toutes les avenues et rues principales aboutissant à l’Arc de Triomphe de l’Étoile, et viendrait rejoindre le rond-point des Champs-Élysées jusqu’à la Seine.
Ce plan ne diffère guère de celui exposé par Cluseret dans sa lettre à plusieurs journaux après sa visite des travaux de défense le 16 mai (45). Cluseret, détenu à l’Hôtel de Ville, avait en effet obtenu l’autorisation de constater sur place si les ordres donnés à Gaillard père avaient été exécutés. Après avoir vu que ses directives n’avaient pas été suivies, il insista sur l’urgence de fortifier particulièrement les abords de la place Wagram, l’espace s’étendant de la Porte de Passy au pont de Grenelle et le triangle compris entre la barrière de l’Étoile, la place du Roi de Rome (place du Trocadéro), et la place d’Eylau (place Victor-Hugo). Il souligna la faute énorme d’avoir laissé envahir le bois de Boulogne et préconisa une troisième ligne de défense allant du pont de la Concorde à la Porte Saint-Ouen.
Andrieu, délégué aux services publics, qui n’apprécie guère Cluseret, est enthousiasmé par le plan Bellivier. Il se dépense sans compter pour faire de son protégé le successeur de Gaillard père. Le Cri du Peuple du 18 mai confirme la nouvelle :
La construction des barricades vient d’être enlevée au citoyen Gaillard père pour être donnée au citoyen Belivier. (sic)
Pour faire appliquer le plan Bellivier, Andrieu envoie une note au comité de Salut public et au délégué à la Guerre, dans laquelle il insiste sur « ... l’utilité qu’il y aurait à faire rentrer l’exécution de ces travaux, après entente avec la Guerre et les municipalités, dans les attributions des services publics » (46).
Le délégué à la Guerre renvoya Andrieu et sa proposition au colonel Roselli-Mollet qui ne montra guère d’empressement à examiner le projet.
On reste dans l’ignorance de l’action exercée par Bellivier et par les deux sensationnels barricadiers signalés dans le dernier numéro du Père Duchêne, du 3 prairial.
Pour la plupart des observateurs de l’époque, partisans ou ennemis de la Commune, il apparaît clairement que les barricades stratégiques, si elles avaient été sérieusement édifiées, n’auraient peut-être pas assuré le triomphe de la Commune, mais auraient considérablement ralenti l’avance des Versaillais.
Pendant les deux mois que dura la Commune, on avait tout le temps voulu pour élever en dedans de la première enceinte, une seconde puis une troisième enceinte/.../ (47)
Cette opinion d’Arnould est aussi celle de Da Costa (48) et de Lepelletier (49). Le Versaillais Ludovic Hans n’est pas loin d’adopter le même point de vue en donnant la préférence au plan Cluseret plutôt qu’à celui de Gaillard (50).
La seconde enceinte ne fut jamais achevée et les ouvrages les mieux fortifiés étaient isolés ou mal défendus :
Le seul travail complet et remarquable était celui qui allait du quai à la Muette, se reliant au Trocadéro et barrant le saillant du Point-du-Jour. Ce travail exécuté par Roselli-Mollet eût fait honneur à Todleben lui-même
affirme Cluseret (51). Et pourtant, la formidable barricade fermant l’accès à l’avenue conduisant au château de la Muette fut prise par un mouvement tournant. Il en fut de même pour plusieurs autres, dont la barricade de la Chaussée Clignancourt :
... Forteresse qui n’avait pas moins de six mètres d’épaisseur à la base et qui devait être capable de défier les plus furieux assauts (52)
ainsi que l’énorme barricade de la place d’Italie - très solidement construite - et enfin la fameuse redoute de la rue Saint-Florentin. Tous ces ouvrages, qui avaient coûté beaucoup d’argent, furent tournés par l’armée versaillaise.
Faut-il admettre avec Jacques Rougerie que les formidables bastions de Gaillard ne furent pas réellement défendus parce qu’ils étaient hors « l’espace populaire » ou trop savants pour les « combattants aux bras nus » selon Du Camp ?
Le fiasco n’est-il pas dû essentiellement aux erreurs et négligences dans la direction des opérations militaires et dans le choix des emplacements stratégiques ?
La barricade de la semaine sanglante
L’entrée des Versaillais marque le retour à la barricade traditionnelle improvisée, avec son corollaire, le mot d’ordre funeste :
Chacun dans son quartier ! ».
La plupart des barricades que l’armée de Versailles rencontra ont été élevées à la hâte entre le 10 et le 27 mai. (53)
Avec condescendance, Rossel fait une description de ce pauvre retranchement :
La barricade de 1871 est une maigre fortification ; c’est un mur en pavé de 1,50 m à 1,80 m de hauteur, et de 1 m à 1,50 m d’épaisseur, parementé quelquefois, quelquefois couronné de créneaux en pavés. (54)
Cependant, la barricade plus sophistiquée n’a pas totalement disparu. Un diplomate, dans l’après-midi du 22 mai, regarde le spectacle de la rue :
Ces travaux ne ressemblent en rien aux barricades primitives de 1848 composées de quelques voitures jetées au travers de la rue, de planches et de pavés entassés. Les professeurs de barricades ont fait des élèves et les élèves sont passés maîtres (55)
Jules Andrieu, dans la nuit du 21 au 22 mai, obtient du Comité de Salut public l’autorisation de faire élever en avant de l’Hôtel de Ville des barricades qui, selon les plans faits depuis quinze jours, devaient être des forteresses :
Ce n’étaient pas des pavés plus ou moins régulièrement entassés mais bien des constructions de terre empilée dans des tonneaux, avec créneaux et matelas de gazon/.../ (56)
Le lundi après-midi, Lissagaray fait une observation semblable au sujet de la barricade de la rue de Rivoli, au coin de la rue Saint-Denis :
Plus de cent ouvriers bâtissaient, maçonnaient, pendant que des enfants brouettaient la terre du square St-Jacques. Cet ouvrage, de plusieurs mètres de profondeur, d’une hauteur de 6 m, avec des fossés, des embrasures, une avancée, fut entièrement terminé en vingt-quatre heures, exemple de ce qu’aurait pu pour la défense de Paris un effort intelligent produit en temps utile (57)
Et dans son Histoire de la Commune, Lissagaray remarque que cet ouvrage était aussi solide que la redoute Saint-Florentin qui avait pris des semaines.
Ces barricades-forteresses restent néanmoins des exceptions :
La barricade improvisée dans les journées de mai est de quelques pavés, à peine à hauteur d’homme. Derrière, quelquefois un canon ou une mitrailleuse. Au milieu, calé par deux pavés, le drapeau rouge couleur de Vengeance. A vingt, derrière ces loques de remparts, ils arrêtèrent des régiments. (58)
La guerre des rues a retrouvé ses racines populaires, mais aussi les funestes erreurs de 48 :
Les Fédérés ne virent pas, en général, plus loin que leurs quartiers, ou même que leurs rues, et ne surent pas changer la tactique des luttes populaires. (59)
Blanqui avait déjà dénoncé cette « faute capitale » dans son « Instruction pour une prise d’arme » (60), 1868. Il ne fut pas davantage écouté que Ranvier déclarant, le 25 mai 1871 :
Il est un grave danger que je veux vous signaler, c’est le refus de la Garde nationale de se porter en avant, sous le prétexte de garder tes barricades de quartiers qui ne sont pas menacés. (61)
Mais on ne pouvait plus inverser ce mouvement de repli, que la proclamation de Delescluze (1er prairial) n’avait fait que précipiter. Malgré cette tactique suicidaire, pendant une semaine, une dizaine de milliers de Fédérés résistèrent aux assauts meurtriers de 130 000 Versaillais.
Bien que la moindre pensée d’ensemble fut inexistante, et l’initiative laissée aux exécutants, la barricade des derniers jours n’offre pas seulement l’image d’un combat désespéré ; elle prend une signification nouvelle par l’importante participation des femmes à sa défense. Non seulement celles-ci exhortent les hommes à la lutte révolutionnaire, mais elles y prennent part avec ardeur :
Ce n’est plus la citoyenne de l’ancienne barricade qui servait les munitions et pansait les blessés ; elle la construit maintenant de ses bras et de ses ongles, puis elle la défendra. (62)
Les 120 femmes qui défendent la barricade de la place Blanche tiendront quatre heures en échec les troupes de Clinchant. « Le mercredi soir, à l’intersection du square Saint-Jacques et du boulevard Sébastopol, une barricade de 20 m de long fut, en une demi-journée, creusée, terminée par des dames de la Halle/.../ » (63). Le docteur Nass, anti-communard notoire, est contraint de reconnaître les faits :
Partout où les communardes prirent part à l’attaque et à la défense, elles y apportèrent cette ardeur farouche, non point réfléchie mais passionnée, qui fait les héroïnes auxquelles va plus tard l’admiration des foules/.../. Cet enthousiasme pour le régime du 18 mars pouvait aisément se justifier ; la Commune fut franchement féministe. (64)
Les leçons d’un échec
Au hasard d’une vie aventureuse, Cluseret, qui avait acquis une certaine expérience militaire, tira la leçon des événements dans quelques pages de ses mémoires, intitulés La Guerre des rues (65) La forteresse de 1871 est définitivement condamnée ; la barricade n’a plus besoin d’être perfectionnée :
/.../des voitures renversées, des portes arrachées de leurs gonds, des meubles lancés par les croisées, des pavés où il y en a, des poutres, des tonneaux, etc. suffisent largement ». [...] Les barricades ne sont pas destinées à abriter leurs défenseurs qui sont dans les maisons, mais seulement à empêcher la circulation des forces ennemies/.../.
C’est la méthode déjà préconisée par Blanqui, Bellivier et Lissagaray. Dereure en est aussi convaincu :
Les barricades, c’est bien, mais on ne se servit pas assez des maisons. Les Versaillais, au contraire, surent les utiliser. (66)
Cluseret, en 1887, a bien changé : il n’attend plus patiemment l’ennemi :
Dans la guerre des rues, l’insurgé doit toujours maintenir l’offensive et aller de l’avant, mais toujours à couvert.
La barricade architecturale de la Commune fut un échec par manque de coordination et d’organisation.
Plutôt que de faire retomber la responsabilité de l’échec exclusivement sur les hommes qui ont eu la direction des opérations, peut-être faudrait-il prendre également en compte une interprétation rassurante, bien que réductrice, du rôle de la barricade stratégique qui semble avoir prévalu à l’époque.
Lors de son procès (67), Rossel s’en est expliqué :
/.../Ces barricades étaient faites plutôt pour donner confiance aux hommes qui étaient aux remparts que pour servir véritablement à la défense. C’était l’opinion de Gaillard qu’il fallait faire des barricades pour n’avoir pas à les défendre.
Maxime Du Camp reprend les mêmes arguments (68). L’aspect dissuasif de la barricade-forteresse devait annihiler toute velléité d’attaque des Versaillais.
Le « Château Gaillard » restera un cas isolé dans l’histoire des barricades. Certes, dans le passé il y eut aussi des retranchements énormes - la barricade Saint-Antoine, de juin 48, en est un exemple (69) - mais ce sont des constructions édifiées sans plan préétabli, dans le feu de l’action, avec les moyens du bord ; rien de comparable à l’imposant « Château Gaillard ».
Et pourtant, la barricade de la rue Saint-Florentin est rapidement tombée dans l’oubli ; la mémoire populaire n’a retenu que celle de la Semaine sanglante qui, dans sa tragique spontanéité, symbolise beaucoup mieux la lutte héroïque du peuple de Paris aspirant à l’avènement d’un autre ordre social.
Qu’on élève une barricade Pour monument aux Fédérés !
a dit Eugène Pottier. (70)
Marcel Cerf
L’article de Marcel Cerf est paru dans l’ouvrage La barricade, sous la direction d’Alain Corbin et Jean-Marie Mayeur, Édition de la Sorbonne, 1997. Le texte intégral du livre est accessible en « OpenEdition » ici : https://books.openedition.org/psorbonne/1143
Nous remercions
Camille Scotto d'Ardino, chargée de la communication, de la diffusion et de la commercialisation au DIRVAL (Direction de la recherche et de la valorisation) de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Les Éditions de la Sorbonne pour nous avoir donné son autorisation pour la reproduction de l’article de Marcel Cerf.
Notes
Abréviations utilisées - A.G. : Archives du Ministère de la Guerre ; - A.N. : Archives Nationales ; - J.O. : Journal officiel de la République française.
Notes
(1) Malon B., La Troisième défaite du prolétariat français, Neuchâtel, G. Guillaume Fils, 1871, p. 207.
(2) Cluseret, Mémoires, t. 1, Paris, Jules Lévy, 1887, p. 139.
(3) Lepelletier E., Histoire de la Commune de 1871, t. iii, Paris, Mercure de France, 1913, p. 375.
(4) Noël B., Dictionnaire de la Commune, Paris, Hazan, 1971, p. 38.
(5) J.O. 13 avril 1871, Affiche n° 129. Les Murailles politiques, t. ii, Le Chevalier, 1874, p. 266-267.
(6) Martine P., Souvenirs d’un insurgé, Paris, Lib. acad. Perrin, 1971, p. 136.
(7) Vallès J., La Commune. Drame en cinq actes, p. 92. Europe nos 470-472, 1968.
(8) Bourelly Gal, Le Ministère de la Guerre sous la Commune, Paris, Combet, s.d., p. 421-422.
(9) A.G., Ly 34.
(10) Gaillard Napoléon-Louis : Né à Nîmes le 7 juin 1815, mort à Paris en 1902.
(11) Les Murailles politiques, t. ii, op. cit., p. 278.
(12) Ibid, Affiche n° 154. p. 299.
(13) Ibid., Affiche n° 167. p. 310.
(14) A.G. LY 34.
(15) J.O. ler mai 1871.
(16) Thomas E., Rossel, Paris, Gallimard, 1967, p. 290.
(17) Cluseret, Mémoires, t. i, op. cit., p. 93.
(18) Da Costa G., La Commune vécue, t. ii, Paris, Ancienne Mon Quantin, 1904, p. 177-178.
(19) A.G. Ly 34.
(20) Ibid.
(21) Ibid.
(22) Ballière Edmond-Achille (1840-1905), Architecte. Franc-maçon. Capitaine d’Etat-major de Rossel. Arrêté le 18 juin, condamné à la dégradation civique et à la déportation simple, par le Xe Conseil, le 7 novembre 1871. En 1874, participe à l’évasion organisée par Jourde et financée par Rochefort. Réfugié à Bruxelles puis à Genève après son expulsion de Belgique.
(23) Vuillaume M., Mes Cahiers rouges, t. iv, Cahiers de la Quinzaine, Paris, 1909, p. 110.
(24) Hans L., Second siège de Paris, Paris, A. Lemerre, 1871, p. 144.
(25) Lissagaray, Les huit journées de Mai derrière les barricades. Bureau du Petit Journal, Bruxelles, 1871, p. 43.
(26) A.G. Ly 34.
(27) Roselli-Mollet Luc, Philibert, Edmond (1842-1883), Ingénieur civil. Père représentant du Peuple en 48 ; grand-père, Conventionnel. Lieutenant au 86e bataillon de la Garde nationale. Membre du Comité central républicain des 20 arrondissements de Paris. Le 8 avril 1871, nommé directeur des fortifications, avec le grade de colonel. Le 17 mai, il gagna la Suisse où il fut employé au chemin de fer de Lausanne. Le IIIe Conseil le condamna par contumace le 19 août 1872 à la déportation en enceinte fortifiée. Rentré en France, après l’amnistie, il est député d’extrême gauche pour le département de l’Ain, de 1881 à 1883. A.N. BB 24/858.
(28) A.G. Ly 34.
(29) Ibid.
(30) Ibid.
(31) Ibid.
(32) Borgella Pierre-Frédéric (1835- ?), Commandant de la 22e batterie, nommé lieutenant-colonel le 27 avril 1871. Directeur de l’artillerie (service actif). Borgella, aide de camp de Rossel, disparut à l’entrée des Versaillais. Réfugié en Angleterre puis en Belgique. Auteur de deux brochures dont l’une est un hommage à Rossel.
(33) A.G. Ly 34.
(34) Ibid.
(35) Ibid.
(36) Ibid.
(37) Ibid.
(38) Ibid.
(39) Ibid.
(40) Bourgin G. et Henriot G., Procès-verbaux de la Commune de 1871, t. ii, Paris, Imp. A. Lahure, 1945, p. 418. 41. A.G. Ly 25.
(41) A.G. Ly 25.
(42) A.G. Ly 117.
(43) Bourgin G. et Henriot G., op. cit., p. 418-419.
(44) Bellivier André (1830-1889), Expéditionnaire à l’Assistance publique. Membre de la 18e légion de la Garde nationale. Directeur de la maison de santé du faubourg St-Denis, sous la Commune. Collabore à La Justice et à La Rouge. Sa nomination officielle à la direction des Barricades, après la démission de Gaillard père, n’est pas confirmée. Condamné par contumace à la déportation en enceinte fortifiée, par le 6e Conseil, le 21 septembre 1872. Réfugié à Genève. Selon Descaves, Bellivier aurait été un agent secret de Thiers. Gracié en 1879, il mourut dix ans plus tard, directeur de prison en Algérie. A.N. BB 24/853.
(45) Bourelly Gal, op. cit., p. 68-70.
(46) A.G. Ly 10.
(47) Arnould A., Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, t. ii, Lib. socialiste, Bruxelles, Henri Kistemaeckers, 1878, p. 154.
(48) Da Costa G. op. cit., p. 176-177.
(49) Lepelletier E., op. cit., p. 376-377.
(50) Hans L., op. cit., p. 207.
(51) Cluseret, Mémoires, t. ii, Paris, Jules Lévy, 1887, p. 175.
(52) Cri du Peuple, 3 mai 1871.
(53) Bourelly Gal, op. cit., p. 239.
(54) Rossel L., Mémoires et correspondance, Paris, Stock, 1908, p. 359-360.
(55) Thomas L., Documents sur la guerre et la Commune-Correspondance de Charles Crosner de Varigny, Paris, Les Marches de l’Est, 1913, p. 118.
(56) Andrieu J., Notes pour servir à l’histoire de la Commune de Paris, Paris, Petite Bibliothèque Payot, 1971, p. 120.
(57) Lissagaray, op. cit., p. 38.
(58) Lissagaray, Histoire de la Commune de 1871, Paris, Lib. Marcel Rivière, 1947, p. 265. Même réflexion chez Du Camp M., Les Convulsions de Paris, t. iii, Paris, Hachette, 1878, p. 325.
(59) Lissagaray, Les huit journées de Mai derrière les barricades, op. cit., p. 53.
(60) Blanqui A., Textes choisis, Paris, Ed. sociales, 1956, p. 214-220.
(61) Les Murailles politiques, op. cit., p. 576, dernière affiche de la Commune.
(62) Lissagaray, Les huit journées de Mai..., op. cit., p. 52.
(63) Ibid., p. 50.
(64) Nass L., Le Siège de Paris et la Commune, Paris, Plon et Nourrit, 1914, p. 215.
(65) Cluseret, Mémoires, t. ii, Paris, Jules Lévy, 1887, p. 273-289. Une traduction en russe de La Guerre des rues a été publiée sous la direction de Lénine, dans le VPERIOD n° 11 du 23 (10) mars 1905.
(66) Dereure S. (Membre de la Commune), « Enquête sur la Commune de Paris », La Revue Blanche, n° 95, p. 77, 15 mars 1897.
(67) AFFAIRE ROSSEL, 3e Conseil de guerre à Versailles, présidé par M. Merlin, colonel du Premier régiment du Génie. Audience du 8 septembre 1871.
(68) Du Camp M., Les Convulsions de Paris, t. ii, Paris, Hachette, 1878, p. 325.
(69) Victor Hugo l’évoque dans Les Misérables, et le communard Razoua en fait une description minutieuse dans Les Grands jours de la République, Paris, A. Cinqualbre, 1878, p. 288.
(70) Le Monument des Fédérés - à Alphonse Humbert. Mai 1883.