Les Journaux officiels

Il existe plusieurs versions du Journal officiel. Le Journal Officiel de la République Française (édition de la Commune), va du n° 79, daté du 20 mars, au n° 144, daté du 24 mai. Le 30 mars, au lieu du n° 89, paraît un n°1 du Journal Officiel de la Commune de Paris, mais ce nouveau titre est abandonné dès le lendemain pour l’ancien.

Le Journal officiel a deux éditions : une édition grand format, le matin, vendue 15 centimes et une « Petite édition du soir » qui reprend l’essentiel de la version du matin et qui, vendue 5 centimes est beaucoup lue.

Journal officiel de la République Française (édition de la Commune) N° 79 daté du 20 mars 1871 (source : gallica.bnf.fr)
Journal officiel de la République Française (édition de la Commune) N° 79 daté du 20 mars 1871 (source : gallica.bnf.fr)

Le Journal officiel est évidemment l’une des sources les plus importantes pour l’histoire de la Commune. Il se compose de deux parties : une « Partie officielle », qui publie les décrets de la Commune et les arrêtés des différentes commissions, ainsi que les rapports, avis et déclarations et une « Partie non officielle » beaucoup plus longue, où l’on trouve des nouvelles de Paris et de la province , des « Nouvelles étrangères », des « Faits divers » qui sont plutôt des nouvelles diverses tel que nous l’entendons aujourd’hui, des articles nécrologiques, des études d’intérêt général, les cours des Halles et Marchés, les cours de la Bourse. La partie officielle donne en particulier les comptes-rendus des 31 séances officielles du Conseil de la Commune. Il y a là, au jour le jour, toute la vie de la Commune, ainsi que son action, ses discussions et le résumé des nouvelles qui courent dans Paris.

Après la victoire des versaillais, un éditeur, Victor Bunel, réédite l’ensemble des numéros parus durant la Commune à titre de curiosité et aussi à titre de dénonciation, pour que chacun puisse disposer des noms des Communards « officiels ». Cette réimpression est un grand succès de librairie. Il existe au moins deux éditions de cette réimpression en cahiers.

Réimpression du Journal officiel de la Commune, Victor Bunel Éditeur, 1878
Réimpression du Journal officiel de la Commune, Victor Bunel Éditeur, 1878

Dès son arrivée à Versailles, le gouvernement de Thiers réquisitionne l’imprimerie A. Wittersheim et Cie et y fait imprimer le 20 mars, un n° 79 du Journal officiel, qui continue la série en concurrence à celle de la Commune et déclare :

Hier, 19 mars, ont été envahis à Paris, les bureaux du Journal officiel, dont le personnel s’était transporté avec les archives à Versailles, auprès du Gouvernement et de l’Assemblée Nationale. Les envahisseurs se sont emparés des presses, du matériel et même des articles officiels et non officiels composés et restés dans l’atelier. C’est ainsi qu’ils ont pu donner à la publication de leurs actes une apparence régulière et tromper le public de Paris par un faux journal du gouvernement de la France.

La numérotation du Journal officiel de Versailles est parallèle à celle du Journal officiel de Paris, du 20 mars au 24 mai. L’impression continue de se faire à Versailles jusqu’au 6 juin. Le Journal de Versailles est au format in-quarto, les presses de Wittersheim ne permettant sans doute pas de conserver l’in-folio, ou bien maquent-ils de papier. On y trouve les décrets et déclarations du Gouvernement, les comptes rendus de l’Assemblée Nationale et des nouvelles diverses dont beaucoup démontrent la « barbarie » de la Commune. On y trouve aussi, le 17 avril, ce « non officiel » appel au meurtre :

Moins d’érudition et de philanthropie, Messieurs, mais plus d’expérience et d’énergie ; si cette expérience n’a pu monter jusqu’à vous, empruntez celle des Victimes ! Nous jouons la France, en ce moment : le temps est-il aux morceaux de littérature ? Non, mille fois non ; nous savons le prix de ces morceaux-là ! Faites un peu ce que les grands peuples énergiques feraient en pareil cas : Pas de prisonniers ! Si, dans le tas, il se trouve un honnête homme réellement entrainé de force, vous le verrez bien. ; dans ce monde-là, un honnête homme se désigne par son auréole. Accordez aux braves soldats, liberté de venger leurs camarades en faisant, sur le théâtre et dans la rage de l’action, ce que de sang-froid ils ne voudraient plus faire le lendemain. 

 

 

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