Gaston Crémieux est né à Nîmes le 22 juin 1836, issu d’une famille juive du Comtat Venaissin. Son père est marchand d’indiennes (tissus aux motifs indiens). Après l’école primaire, il entre au lycée de Nîmes où il est un excellent élève. Il obtient son baccalauréat le 19 août 1853. Il veut être avocat et désire faire ses études à Paris. En octobre 1854, il est inscrit à la Faculté de Droit. Mais au bout d’une année, ses maigres ressources le contraignent à revenir à Nîmes ; il trouve un emploi comme deuxième clerc chez un avoué, épargnant ainsi des sacrifices pécuniaires à ses parents.

Gaston Crémieux (1836-1871) dirigeant de la Commune de Marseille (CC0 Paris Musées / Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey)
Gaston Crémieux (1836-1871) dirigeant de la Commune de Marseille (CC0 Paris Musées / Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey)

Au bout de quelques mois, il trouve un emploi chez un avoué à Paris ; malheureusement, son salaire est insuffisant pour lui assurer une existence même modeste et il retourne à Nîmes en janvier 1856. Le 14 janvier 1856, il s’inscrit à la Faculté d’Aix en Provence. Il obtient sa licence en droit le 25 novembre 1856. Gaston Crémieux est exempté du service miliaire en raison de sa situation de famille. Il était l’aîné d’une famille nombreuse. Il s’inscrit alors au Barreau de la cour d’appel de Nîmes. Il prête serment le 24 mars 1857. Il est commis d’office pour les personnes disposant de peu de revenus ; ses collègues le surnomment « l’avocat des pauvres ». Il obtient des succès plus marquants dans le journalisme littéraire.

Il s’intéresse aussi à la politique ; marqué par la répression de juin 1848, il est devenu un ardent républicain, défenseur de la liberté de pensée et combattant de la lutte contre l’intolérance. Vers la fin de l’année 1857, Gaston Crémieux et un groupe d’amis fondent l’Avenir, un journal littéraire ; quatre membres de la rédaction, dont Gaston Crémieux, sont surveillés par la police qui émet cet avis :

ces quatre individus professent les idées socialistes les plus avancées et, malgré leur réserve, ils demeurent dangereux au point de vue politique.

Maximilien Robespierre (1758-1794)
Maximilien Robespierre (1758-1794)

Le 14 février 1858 l’Avenir cesse de paraître, les républicains sont victimes de la répression du gouvernement de Badinguet. En 1862, Crémieux quitte Nîmes pour rejoindre Marseille. Le 10 décembre 1862, le Conseil de l’ordre officialise son admission au Barreau. En 1864, il est admis par la loge marseillaise « La Réunion des Amis choisis » du Grand Orient de France. Gaston Crémieux considère Robespierre comme le chef d’État idéal. Entre les deux hommes les ressemblances sont profondes, mais présentent parfois des nuances : pour Robespierre « l’Être suprême et l’immortalité de l’âme » sont des compromis politiques nécessaires pour sceller la réconciliation de tous les Français. Chez Gaston Crémieux, l’approbation du culte républicain est en accord avec un déisme rigoureux et sincère.

Notre avocat est un ardent défenseur de la liberté de pensée et il combat sans cesse l’intolérance des intégristes de tous bords. Le 25 septembre 1864, il épouse Noémie Molina, de confession juive. De cette union, naîtront trois enfants. Gaston avait choisi de nommer son dernier fils Robespierre en souvenir de cet homme d’État symbolisant à ses yeux le révolutionnaire incorruptible par excellence. D’ailleurs, quelques mois avant la naissance de ce garçon, il écrira un monologue en vers intitulé « Robespierre, le 21 janvier 1793 » Gaston est heureux, il adore sa femme et ses enfants.

Gaston Crémieux est très sensible à la grande misère des ouvriers marseillais. Il réagit vivement contre la perversité des mœurs qui en résulte. Dans le mémoire qu’il rédige en 1867, pour la classe ouvrière de Marseille, il demande au préfet des Bouches-du-Rhône de prendre des mesures urgentes pour mettre fin à cette situation déplorable. Il préconise la création d’un syndicat prenant la défense des intérêts des travailleurs.

Il s’intéresse particulièrement au développement de l’enseignement laïc, facteur de l’émancipation de la classe ouvrière. Le 31 mars 1865, il lance le projet de création d’écoles pour les enfants défavorisés. Le 6 août 1866, des cours du soir gratuits sont ouverts aux adultes. En 1867, il est élu vénérable maître de la loge de la Réunion des Amis choisis.

En 1868, le 13 juillet, est constituée l’association phocéenne de l’Enseignement, de l’Instruction et de l’Education des deux sexes. Crémieux est l’un des membres fondateurs. En 1869, il soutient activement la campagne électorale de Gambetta à Marseille. A l’époque, ce fougueux républicain n’est pas encore devenu le leader du parti opportuniste.

Gaston Crémieux (1836-1871) Photographie Eugène Appert (BNF-Gallica)
Gaston Crémieux (1836-1871) Photographie Eugène Appert (BNF-Gallica)

Le 28 juillet 1869, pour le soixante-quinzième anniversaire de la mort de Robespierre, Gaston Crémieux écrit un monologue Robespierre, le 21 janvier 1793 dédié à Léon Gambetta et Alphonse Esquiros. Il leur fait part de son intention d’écrire un drame sur le Neuf Thermidor et la mort de Robespierre. Il mettra ce projet à exécution peu de temps avant sa mort. Il mène également une activité sociale intense en tant que fondateur de coopératives et de chambres syndicales.

Le 19 juillet 1870, la guerre contra la Prusse est déclarée. Les défaites de l’armée de Napoléon III à Forbach et Froeschwiller ont provoqué la colère des Marseillais. Des manifestations ont lieu à la préfecture et à la mairie. Les insurgés doivent rapidement capituler.

Le 27 août 1870, le 1er Conseil de guerre condamne quatorze insurgés. Gaston Crémieux qui a pris part au soulèvement sera condamné à deux ans de prison mais la proclamation de la République, le 4 septembre 1870, va le délivrer de sa peine. Le 11 septembre, il va participer à la formation de la Ligue du Midi dont le programme est radical : séparation absolue des Églises et de l’État, révocation immédiate de tous les maires nommés par et sous l’Empire, nomination des juges par voie électorale, liberté absolue de la presse, etc..

Le 2 novembre, proclamation à Marseille de la Commune révolutionnaire. Gustave Cluseret est nommé Commandant de la Garde Nationale et général en chef des troupes de la Ligue du Midi. Le poète Clovis Hugues est à la tête de la Légion urbaine. Le citoyen Esquiros dirige la commission municipale révolutionnaire. Gaston Crémieux, qui tenait des meetings au nom de la Ligue du Midi dans la Drôme et l’Isère, écrit de Grenoble à Alphonse Esquiros, le 2 novembre, une lettre portant le cachet de l’Association internationale des travailleurs, pour s’étonner qu’Esquiros veuille donner sa démission.

Crémieux n’a donc pas pris part directement aux journées révolutionnaires. Le 31 janvier 1871, c’est la fin de la guerre entre la France et la Prusse. Le 13 février, l’Assemblée nationale s’installe à Bordeaux dans le grand théâtre. Gaston Crémieux assiste à la séance du haut des tribunes. Garibaldi veut parler pour résilier le mandat dont Paris l’a honoré. Il est malade et veut conserver sa nationalité. Des hurlements couvrent sa voix. Alors, des tribunes, Gaston Crémieux s’écrie :

Majorité rurale, honte de la France.

Les tribunes applaudissent, mais la majorité réactionnaire n’oubliera pas l’intervention de Crémieux et ce sera un élément important dans sa condamnation à mort.

Le cinéma-casino-brasserie de l'Eldorado place Castellane à Marseille
Le cinéma-casino-brasserie de l'Eldorado place Castellane à Marseille (Carte postale ancienne)

 

Le 18 mars, la tentative de Thiers pour s’emparer des canons des Parisiens échoue. La Commune de Paris est instaurée. Le 22 mars, dans la salle de l’Eldorado à Marseille, Gaston Crémieux fait un discours pour appeler les habitants de la cité phocéenne à soutenir Paris contre Versailles. Le 23 mars, les Marseillais favorables aux insurgés de Paris envahissent la Préfecture. Une commission départementale est constituée dont Crémieux sera le président.

Du balcon de l’édifice départemental, il déclare que Marseille soutiendra le gouvernement républicain qui siège dans la capitale. Il demande à la population de maintenir l’ordre dans la cité. Il prêche la conciliation mais affirme que la commission départementale restera en poste jusqu’à ce que la lutte entre Paris et Versailles soit terminée.

Le 27 mars, trois délégués de la Commune de Paris sont envoyés à Marseille pour consolider le mouvement insurrectionnel : Landeck, chef de la délégation, est membre du Comité central de la Garde nationale parisienne, Amouroux , membre de la Commune et Albert May, dit Séligman, mais il faut ajouter Mégy au groupe. Comme « les trois mousquetaires », les trois délégués étaient donc quatre. Landeck nomme Pélissier, ancien brigadier de cavalerie, général des insurgés.

Les divergences entre le Conseil municipal et la Commission départementale affaiblissent l’action et le pouvoir de la Commune de Marseille. Le manque de cohérence dans la direction des opérations militaires déroute les révolutionnaires. Le 28 mars, le général Espivent, farouche partisan de Versailles, déclare le département des Bouches-du-Rhône en état de siège. Le 31 mars, la Commission départementale dissout le Conseil municipal et annonce des élections pour le 5 avril. Le 3 avril, la Commission départementale réduit le montant des loyers. Dans la matinée du 4 avril, les chasseurs de Vincennes et les marins de deux navires de guerres amarrés dans le port, tirent sur la Garde nationale et les garibaldiens, ils attaquent la Préfecture.

Marseille Notre-Dame de la Bombarde le 4 avril 1871 - Estampe décrivant le bombardement de la préfecture de Marseille par les troupes du général Espivent de La Villesboisnet durant la Commune de Marseille (Musée du Vieux Marseille)
Marseille Notre-Dame de la Bombarde le 4 avril 1871 - Estampe décrivant le bombardement de la préfecture de Marseille par les troupes du général Espivent de La Villesboisnet durant la Commune de Marseille (Musée du Vieux Marseille)

 

Les canons installés sur les hauteurs de Notre-Dame-de-la-Garde pilonnent la ville. Ceux des deux navires de guerre sont braqués sur la cité. La Préfecture a été bombardée pendant sept heures. Les insurgés doivent se rendre et le matin du 5 avril à 7 heures, le calme est revenu.

Dans la soirée du 7 avril, Gaston Crémieux est arrêté chez le gardien du cimetière juif où il s’était réfugié. [1] II est incarcéré au Fort Saint-Nicolas. Le procès des insurgés de la Commune de Marseille débute le 12 juin 1871 dans la grande salle du tribunal de police correctionnelle, devant le premier conseil de guerre présidé par le lieutenant-colonel Thomassin du 48ème de ligne.

Cellule où était enfermé Gaston Crémieux
Cellule où était enfermé Gaston Crémieux


Le premier accusé est Gaston Crémieux ; son avocat est Me Sicard. Le point de départ de l’accusation, ce sont les paroles qu’il a prononcées à la séance de « l’Eldorado » le soir du 22 mars. Il répond :

Je n’ai prononcé que des paroles de paix et de conciliation, appelant les uns et les autres à la modération.

Le magistrat lui reproche sa présence à la Préfecture. Il riposte :

Ce n’est pas par ambition que je suis resté à la Préfecture, c’est uniquement par conviction.

Le 28 juin, le colonel Thomassin clôt les débats. Les accusés sont transférés au Fort Saint-Nicolas. Le greffier leur donne lecture de la sentence : Crémieux, Pélissier et Etienne (portefaix, membre de la Commission départementale) sont condamnés à mort. Le 7 juillet à trois heures du matin, les prisonniers sont conduits à la prison Saint-Pierre. Le statut de prisonnier politique leur a été accordé, les réclamations formulées en raison des mauvaises conditions d’hygiène de leur détention ont été prises en considération, le fait est assez rare pour mériter d’être signalé.

Au parloir Noémie lui fait part de son séjour de cinq jours à Paris. Adolphe Crémieux (Garde des sceaux du gouvernement de la défense nationale) est venu l’attendre à la gare. Il fera tout son possible pour la libération de Gaston.

Le 26 juillet, Adolphe Crémieux envoie un télégramme à Noémie pour l’inviter à se rendre à nouveau à Paris au sujet de son mari et de démarches à accomplir. Mais le 15 septembre, la Cour de cassation rejette tous les pourvois. Le 21 septembre, Landeck, qui a réussi à se réfugier à Londres, dans une lettre publiée dans Le Courrier de la Gironde et reprise par Le Petit Marseillais assume la responsabilité totale de la direction du mouvement communaliste et déclare que Crémieux, Pélissier et Etienne ne sont pas coupables.

Gaston Crémieux, dans sa prison, se consacre à la rédaction de sa pièce de théâtre Le Neuf Thermidor ou la mort de Robespierre, drame en cinq actes en vers.

Le 24 novembre le quotidien Qui vive publie la décision de la Commission des grâces : seuls Etienne et Pélissier sont graciés. Le recours de Crémieux est rejeté.

Dans la nuit du 29 au 30 novembre, Crémieux est transféré de la prison Saint-Pierre au fort Saint-Nicolas. Il croit encore à la commutation de sa peine - la veille son épouse lui a dit qu’il était sauvé -, mais le greffier lui annonce que sa grâce a été rejetée. Dans une de ses dernières lettres à sa femme, il s’épanche :

Ma chère Noémie,

Cette nuit, j’ai terminé un acte que je voulais te lire. Hélas ! tu le liras sans moi. Ici, en face de la mort, en présence de notre bon rabbin, M. Vidal, j’ai recopié à la hâte le brouillon que j’avais écrit. Il en restera un tableau de la Convention et quelques vers de l’épilogue. Mais telle qu’elle est, cette oeuvre est faite. C’est mon patrimoine, le travail de ma captivité. Je te la lègue. […]

Le 30 novembre au matin, Gaston Crémieux écrit ses toutes dernières lettres et les remet au rabbin Vidal ainsi que le manuscrit du Neuf Thermidor :

Je n’ai jamais vu un homme aussi courageux que vous devant la mort ; on parlera de vous comme un héros

déclare le rabbin.

Gaston Crémieux et le rabbin Vidal le jour de l’exécution, au pharo, le 30 novembre 1871 - D'après un dessin de Combes (Musée du vieux Marseille)
Gaston Crémieux et le rabbin Vidal le jour de l’exécution, au pharo, le 30 novembre 1871 - D'après un dessin de Combes (Musée du vieux Marseille)

Il est cinq heures, Crémieux prend un peu de repos avant le départ en direction du Pharo. A peine arrivé, il s’adresse au peloton d’exécution :

« Mes amis, j’ai une recommandation à vous faire. Comme il est probable que mon corps sera rendu à ma famille après l’exécution, je vous prie de ne pas de défigurer. Visez droit au cœur. Je vous montrerai ma poitrine. Ayez du courage comme j’en ai. »

Il se place devant le peloton, commande « Feu ! » crie « Vive la Républi… » et tombe à la renverse, un peu incliné sur le côté droit. Le médecin, ayant tâté le pouls, déclare que c’est fini.

Crémieux mort
Gaston Crémieux sur son lit de mort


Après de longues années de silence, le Parti communiste organisa une grande manifestation, le dimanche 2 décembre 1923 : l’Humanité du 29 novembre 1923 (édition de la région Bouches-du-Rhône) a publié la déclaration du Parti communiste :

Aux travailleurs marseillais,

Le 20 novembre 1871, le Communard marseillais Gaston Crémieux était fusillé au Pharo, sur l’ordre du gouvernement de la troisième République […]

La Commune insurrectionnelle de 1871 fut une des plus glorieuses pages de l’Histoire du prolétariat français. Fidèle à la tradition révolutionnaire, la Fédération communiste invite les travailleurs marseillais à la mémoire de Gaston Crémieux […]

Le lendemain, dans l’Humanité, Gabriel Péri rendait un émouvant hommage à l’avocat marseillais :

C’est donc un drame Le neuf thermidor ou la mort de Robespierre qui révèle le mieux les profondes convergences entre Gaston Crémieux et l’Incorruptible. Ils ont tous deux le même sens du devoir et du patriotisme. La suppression de la misère des classes laborieuses et le triomphe de la liberté et de la justice ont été leurs passions dominantes. Il y a tout de même une différence entre les deux personnages. Alors que Crémieux est hostile à toute violence, Robespierre a participé à la Terreur, considérée comme nécessaire pour éliminer les complices des puissances étrangères qui voulaient envahir la France et rétablir la royauté. Mais à Saint-Just qui veut poursuivre la terreur contre les nouveaux riches sans principes, Robespierre réplique par la plume de Crémieux ;

Saint-Just, nous avons vu s’écrouler le vieux monde
Après avoir détruit, il est temps que l’on fonde
La Terreur nous apprit à ne rien redouter,
Elle a fini sa tâche, elle doit s’arrêter.

Dans sa pièce de théâtre, Crémieux fait ressortir le contraste frappant entre la demeure modeste du menuisier Duplay et la maison à l’ameublement somptueux et esthétique de Collot d’Herbois. Chez les Duplay, Robespierre est accueilli avec joie par une famille de fervents jacobins. Il va s’éprendre d’une des filles, Éléonore « au caractère droit et fier ». Elle lui témoignera beaucoup d’affection et de dévouement. Leur mariage était prévu pour le 9 thermidor ; le sort, hélas, leur réserva un autre destin !

Dans l’œuvre posthume de Gaston Crémieux, les écrits « avant les mauvais jours » sont consacrés à l’amour et aux luttes sociales. « Les serments » illustrent les regrets d’un amour déçu, les deux premières strophes font pense à l’humour doux-amer de certaines chansons de Béranger : 
Mais, parmi toutes ses œuvres, Le neuf thermidor et la mort de Robespierre conserve notre préférence.

 

Marcel Cerf

 


Documentation 

Gaston Crémieux - œuvres posthumes, précédées d’une lettre de Victor Hugo et d’une notice par A Naquet, député de Paris. E. Dentu - éditeur - Librairie de la Société des Gens de Lettres – 1884 ;

Roger Vignaud : Gaston Crémieux – la Commune de Marseille – un rêve inachevé… Edisud - 2003.

Notes

[1] Roger Vignaud présente une très curieuse version de l’arrestation dont voici un résumé très schématique : Crémieux, déguisé en femme, n’est pas reconnu par les gendarmes. Vexé du manque de flair de la maréchaussée, il se serait volontairement dénoncé pour ne pas se soustraire à la justice !

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