ALFRED K. ZOUAVE ET COMMUNARD. SUIVI DES CARNETS INTIMES DE MARIE ET DE PAULINE

Yves Laine, Alfred K. zouave et communard Suivi des carnets intimes de Marie et de Pauline, Ed. Cheminement, 2008.

Le titre paraît au moins surprenant, les zouaves pontificaux — un corps de volontaires français royalistes et catholiques, opposés aux partisans de Garibaldi et son projet d’unification italienne et la Commune de Paris — deux engagements diamétralement opposés ! Pourtant le héros du livre le jeune (né en 1851) Alfred Kervadec a réussi à pratiquer les deux. Issu d’une famille de la bourgeoisie nantaise, catholique fervente et royaliste il s’engage à 16 ans comme d’autres jeunes bretons et vendéens dans les rangs de zouaves pontificaux commandés par La Moricière et Charrette ; ce dernier signe son « Libretto » de zouave. Rentré à Nantes au printemps 1870, déçu par la campagne italienne et l’attitude du pape, en août 1870 signe son engagement « pour la durée de la guerre », versé dans le 97° régiment, en suite sous le commandement du général Ducrot participe aux combats de Châtillon, Bagneux, Champigny… Après la capitulation il se retrouve à Paris et… en mars 1871 devient partisan de la Commune !!! Mué certainement par les sentiments plus spontanés, humanitaires que vraiment politiques. Participe aux travaux pour le Journal Officiel, au moment de l’entrée des Versaillais dans paris, prend les armes et combat dans le Quartier Latin, quand il tombe, Alfred prend la fuite par les toits et nageant dans la Seine d’ou il sort vers Rocquencourt peut gagner la maison familiale à Nantes. Hélas sa santé est vite ruinée par la tuberculose, entouré de sa famille il meurt en juillet 1872. L’auteur, petit neveu de son héros se base sur la tradition transmise par la famille et sur les journaux intimes des jeunes sœurs d’Alfred, Marie et Pauline.

Le livre oscille entre la biographie et le roman de l’aveu même de son auteur, certains éléments : amitié avec un jeune italien, histoire d’amour sont 1OO% fictifs… L’ouvrage de Lainé est surtout une curiosité, son héros peut être considéré comme un jeune romantique du 19e siècle, mu surtout par les élans du cœur.

Thérèse Gourmaud

Yves Laine, Alfred K. zouave et communard Suivi des carnets intimes de Marie et de Pauline, Ed. Cheminement, 2008, 312 pp, illustrations.

LÉON CLADEL ET L’ÉCRITURE DE LA COMMUNE

Thanh-Vân Ton-That, Léon Cladel et l’écriture de la Commune, L’Harmathan.

Léon Cladel (1835- 1892) est un écrivain de la Commune : il y puise la matière de ses nouvelles et romans ; c’est aussi un auteur apprécié par ses contemporains comme Baudelaire, Barbey d’Aurevilly, Flaubert et Paul Bourget.

Contrairement à Jules Vallès, il n’est pas un acteur de la Commune, il l’écrit seulement…

L’ouvrage de Thanh-Vân Ton-That, Léon Cladel et l’écriture de la Commune, paru à L’ Harmattan en 2007, est celui d’une spécialiste : il s’agit ici essentiellement d’une étude littéraire et stylistique.

Le lecteur exigeant y voit une étude savante, et largement annotée, avec ses variantes, de la nouvelle Revanche, la dernière du recueil Les Va-nu-pieds, d’après un manuscrit autographe daté de mars 1873, ainsi que du roman posthume I.N.R.I., publié en 1931, fresque historique de la Commune dont Revanche correspond aux ultimes épisodes du roman.

Le simple lecteur y trouve avec plaisir l’intégralité de la nouvelle, et tente sans doute sa première approche d’un écrivain tombé injustement dans l’oubli. La nouvelle situe au PèreLachaise, en mai 1871, les retrouvailles de deux amants, Cardoc et Léone. L’héroïne présente son fils nouveau-né à celui qui est promis à la mort : les futurs fusillés sont les parrains, et ils nomment l’enfant « Revanche ».

Selon Thanh-Vân Ton-That, le style de Cladel est un mélange de registres : naturaliste, poétique, tragique et épique, aux accents engagés. Dans le roman I.N.R.I., on trouve aussi les caractéristiques du roman de formation, et les scènes de foule en font une épopée populaire.

Léon Cladel se lance dans une réhabilitation de la Commune face à ses détracteurs. Son écriture visuelle qui correspond à une saisie photographique de la réalité donne tout leur relief aux massacres sur les barricades, et au courage des combattants. Il veut écrire sur et contre l’effacement de la Commune dans la conscience collective française.

Nous découvrons, ou redécouvrons, cet auteur singulier, —communaliste de cœur et régionaliste d’inspiration — ; nous entendons sa voix aux accents hugoliens, et par lui, la voix du peuple grâce à une galerie de portraits, autant d’hommages rendus aux acteurs de la Commune. Il nous appartient donc de faire sortir Léon Cladel de sa traversée du désert : lisons-le.

Michèle Camus

Thanh-Vân Ton-That, Léon Cladel et l’écriture de la Commune, L’Harmathan, 210 pages, 21 Euros

Œuvres principales de Léon Cladel :

Les Martyrs ridicules, 1862 (réédité aux Editions d’Aujourd’hui, 1978)

La Fête votive, 1869 • Les Va-nu-pieds, 1873 (réédition en 1978)

Petits cahiers de Léon Cladel, 1879

N’a qu’un œil, 1882 (réédition Garnier, 1978)

Urbains et ruraux, 1884

L’Ancien, drame en vers, 1889 • I.N.R.I., 1931

Poésies de Léon Cladel, 1936, Crès.

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