UN PARCOURS / UNE EXPOSITION / UN SPECTACLE DANS LE IIe ARRONDISSEMENT DE PARIS
C’est le 4 octobre 2016, jour du 200e anniversaire de la naissance d’Eugène Pottier, que notre association a effectué un parcours commémoratif dans le IIe arrondissement de Paris suivi par plus de 60 personnes. Le point de départ, 29 rue du Sentier, est situé à l’endroit précis où Eugène Pottier, après 30 ans de prolétariat, avait fondé son propre atelier de dessin industriel sur étoffes. Ce fut bientôt le premier atelier de Paris.
- Morèje avec Pottier
Morèje, artiste d’art urbain, présente la magnifique mosaïque qu’il a spécialement créée pour cet anniversaire et qui fait l’admiration du public. Il en explique la conception et le sens. Elle est accompagnée d’une boîte à musique qui joue L’Internationale lorsque l’on en tourne la manivelle.
Eugénie Dubreuil évoque ensuite l’artiste industriel que fut Pottier et son importance dans le monde artistique, même s’il est aujourd’hui bien difficile de retrouver des traces de ses œuvres. C’est dans l’exercice de ce métier que Pottier contracta un certain nombre de maladies liées à des intoxications chimiques. C’est également en ce lieu que Pottier se consacra à l’organisation syndicale du métier ; formée de cinq cents membres, elle adhéra bientôt à l’Internationale.
Nous arrivons ensuite rue du Croissant, quartier historique de la presse parisienne, où Éric Lebouteiller nous expose la place des journaux dans la Commune ; plus d’une centaine de titres se déclarent favorables à la Commune, et un très grand nombre sont rédigés et imprimés dans ce quartier. La parole s’étant libérée, ce ne sont pas moins de quatre clubs révolutionnaires qui se font jour dans le IIe arrondissement.
Au bout de la rue, nous arrivons au Café du Croissant, à l’endroit exact où Jean Jaurès fut assassiné. Marc Lagana nous y parle de l’homme exceptionnel qu’il fut, de sa fidélité aux idéaux de la Commune et de la façon dont il les transmit au mouvement socialiste tout entier. Son discours à la jeunesse aurait pu être signé par les communards et mériterait d’être porté auprès des jeunes d’aujourd’hui.
Place de la Bourse, Georges Beisson fait revivre le poète et chansonnier que fut Pottier. Il commence dès l’âge de 14 ans et produit, tout au long de sa vie, des pièces admirables qui faillirent disparaître à jamais. Il ne fut publié que très tardivement.
L’actualité de son œuvre est aujourd’hui tout à fait remarquable. Son œuvre principale, L’Internationale, est la chanson française la plus connue au monde. Il ne l’a pourtant jamais entendue chanter avec la musique que nous lui connaissons, puisque cette dernière ne fut créée qu’en 1888, un an après sa mort en 1887.
C’est place des Victoires que Jean-Pierre Theurier évoque l’homme politique Pottier, celui qui s’enthousiasma pour la Commune et fit fonction de maire du IIe arrondissement. Il agit tout particulièrement dans le développement de l’enseignement laïc, gratuit et obligatoire et dans l’abolition de la prostitution. Il joue également un rôle de premier plan dans l’organisation de la Fédération des Artistes, dont il établit le rapport de la commission préparatoire du 14 avril 1871. Il échappe de peu à la mort, puisqu’un sosie est fusillé à sa place. Il réussit à fuir en Angleterre, puis aux USA.
À 18h30, nous sommes accueillis par Jacques Boutault, maire du IIe arrondissement, qui évoque l’extraordinaire actualité de la Commune au vu des enjeux de notre société aujourd’hui. Jean-Pierre Theurier présente alors un Pottier plus intime, « quelqu’un de tout à fait extraordinaire, un homme qu’on aurait été heureux de rencontrer, d’être son ami ».
Sébastien Ducret, admirateur de longue date de Pottier, qui a consacré son talent à mettre en musique plus de trente de ses œuvres, débute alors un concert d’une heure devant une salle pleine. Il présente onze poèmes de Pottier éclairant différentes facettes de son talent. Au-delà de L’Internationale, le public découvre un Pottier constamment fidèle à la défense des opprimés et à la lutte contre les oppresseurs, mais également un Pottier à la puissance poétique parfois inconnue. Nous voyons ainsi apparaître ses cris de révolte, ses appels à la lutte, mais également son amour de l’humanité. Une interprétation de haut niveau pour une salle comblée.
Nous terminons alors par le pot de l’amitié offert par la Mairie, et chacun peut échanger sur l’étonnante modernité des poèmes de Pottier, tout en parcourant l’exposition de vingt panneaux qui ornent les murs de la salle des mariages.
Vive Pottier et vive la Commune !
JEAN-PIERRE THEURIER