Jean Chatelut, enseignant à la Faculté de Médecine-Pharmacie de Limoges, s’est éteint le 25 janvier dernier au CHU de la ville, au terme d’une longue lutte contre le cancer. Il était âgé de 88 ans. C’était un militant du Comité berrichon des Amies et Amis de la Commune de Paris.
Né le 30 septembre 1931 à Saint-Benoît-du-Sault (Indre), il fait ses études en médecine à Paris, où il rencontre Jacqueline Cabane, elle aussi étudiante en médecine, qui deviendra son épouse. En 1953, période de guerre froide et de guerres coloniales, il adhère au Parti Communiste.
En 1956, le couple travaille à l’hôpital d’Argenteuil. En 1958, il revient à Paris. Jean effectue son service militaire, Jacqueline s’engage à la librairie communiste du Quartier latin, rue Racine. En 1961 naît leur premier enfant, Étienne. Trois mois après sa naissance, le fils est frappé d’hyperthermie. Après les soins d’urgence, le couple décide d’organiser sa convalescence à la campagne. Il y retrouve des amis d’enfance, et d’anciens résistants. Ils décident alors de revenir au pays. Jean trouve un poste à l’École de médecine de Limoges, Jacqueline se fait éleveuse de moutons. En 1963 naît leur fille, Anne. Leur militantisme prend une dimension supplémentaire, l’activisme culturel : création d’un ciné-club, fêtes à thèmes, concerts. Jean relance un artisanat pharmaceutique délocalisé de Paris en 1940, en lui obtenant une sous-traitance de la Pharmacie centrale des Hôpitaux de Paris. Maire de Saint-Benoît-du-Sault de 1977 à 2001, Jean Chatelut y concrétise une idée nouvelle. C’est un des « plus beaux villages de France » : église pré-romane, ruelles médiévales, prieuré du 17e siècle. Il estime qu’un lieu riche en patrimoine doit continuer à s’enrichir. Il confie la réalisation du collège et d’un quartier HLM à Paul Chemetov, de la salle des fêtes à Zdravko Natchev, d’un espace vert au paysagiste Gilles Clément. Il effectue aussi de longues recherches sur la Commune, recherches concrétisées par un livre, La Commune de Paris 1871 avec les ouvriers maçons des confins Berry, Marche et Limousin (1). Il en identifie 674, venus de ces cantons entre langue d’oc et langue d’oïl, 674 déférés devant les Conseils de guerre, et plus de cent condamnés à la déportation en Nouvelle-Calédonie. Le livre est complété par une recherche sur la vie quotidienne de ces immigrants, et par quelques interrogatoires. Notamment ceux des trois femmes prises dans la répression. Un riche apport à la connaissance de l’insurrection communarde. Les Amies et Amis de la Commune, touchés par la disparition de Jean, garderont en mémoire l’image d’un grand Ami et d’un grand Monsieur.
GEORGES CHATAIN
ET LES AMIES ET AMIS DU COMITÉ DU BERRY
Notes
(1) Payse éditions, 2016.