Au contraire de celui de Yan Pei-Ming en noir et blanc dont nous avons parlé dans le précédent numéro de La Commune, L’Enterrement de Nina Childress est tout en couleurs printanières. Le premier est respectueux de son sujet, le deuxième est iconoclaste et provocant autant que la toile originale de Courbet l’a été.

Mais les temps ont bien changé et personne ne s’offusque plus. Les personnages du groupe des familiers, à droite du tombeau, portent des sacs sur la tête. Est-ce une « évocation de la façon dont le peintre se donna la mort », la veille du recouvrement de l’invraisemblable dette d’État dont il a été victime à la suite d’un procès inique ? C’est ce que pense le commissaire de l’exposition qui eut lieu à la Fondation Ricard à Paris en février-mars dernier.

Nina Childress, Un enterrement à Ornans, 2019
Nina Childress, Un enterrement à Ornans, 2019

Il est intéressant de voir que dans l’art contemporain en panne de sujet, pour des artistes d’origine chinoise ou américaine, comme c’est le cas de Nina Childress qui vit elle aussi à Paris, il est quelquefois nécessaire de retourner aux grandes œuvres des musées, quitte à s’en moquer au passage. Picasso pratiquait cela avec maestria. Comme si la peinture était un vaste terrain de jeu.

EUGÉNIE DUBREUIL

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