En balade à la Butte-aux-Cailles dans le XIIIe arrondissement de Paris, vous ne pourrez pas manquer ce restaurant à l'enseigne évocatrice du Temps des Cerises. Fièrement, sa façade indique :

"Société coopérative ouvrière de production".

Pour en savoir plus, nous sommes reçus par Guy, ancien co-gérant du lieu.

La SCOP Le temps des cerises - Butte-aux-Cailles dans le XIIIe arrondissement de Paris

Depuis 1998, la SCOP est adhérente à notre Association grâce à Gérard, ancien gérant et Hédris, ancien cuisinier et créateur de la SCOP, qui ont maintenu l’esprit du lieu pendant des décen­nies et ont su passer le flambeau aux plus jeunes.

La particularité du lieu est donc la coopérative ouvrière créée dès 1976 dans des locaux d'une ancienne épicerie, avec un choix fondamental d'or­ganisation collective.

À la question sur les salaires, Guy nous explique que les choix ont évolué. Si autrefois chacun avait le même salaire, aujourd'hui l'orientation est plutôt liée à l'an­cienneté qu'au poste de travail, sachant que les écarts ne sont pas très significatifs. Ceci est égale­ment vrai pour les accords de par­ticipation des salariés.

Juste répartition des bénéfices, amélioration des conditions de travail, interdiction de plus-value quant à la revente du lieu dont la SCOP n'est pas propriétaire (loyer type HLM), la coopérative ouvrière reste le moyen de pérenniser l'entreprise, et cela dure depuis plus de 50 ans !

Le Temps_des_cerises SCOP du 13ème arrondissementAujourd'hui, forte de 15 salariés en CDI, la SCOP reçoit toujours avec convivialité des générations qui se souviennent du temps où chaque semaine il y avait une sorte de cabaret chantant.

L'existence de l'entreprise, car il faut bien aussi l'appeler ainsi, n'a pas été un chemin couvert de roses, entre fermeture administrative non justifiée, pression des autorités de police, contrôle fiscal, avec refus par la banque du prêt nécessaire. Il a fallu au collectif une sérieuse solidarité pour maintenir à flot ce lieu et il perdure contre vents et tempêtes ! La crise sanitaire a touché profondé­ment la cogérance bien plus qu'il n'y paraît au pre­mier abord en fonction des interdits, des mesures sanitaires injustifiées applicables dans l'immédia­teté. Il fallut du jour au lendemain vider les frigos, les réserves, distribuer dans le quartier les denrées périssables, et tout ceci alors que le confinement devenait général.

La solidarité s'exerce encore aujourd'hui envers les étudiants qui peuvent avoir, le samedi, moyennant la présentation d’une carte d’étudiant, un repas contre 1 euro. Cinquante d'entre eux, fidèles, continuent à fréquenter la coopérative. Dans cette période incertaine où il n'y a pas de béné­fices à redistribuer, il faut un attachement durable pour que salariés, voisins et consommateurs gardent ce lieu en pleine activité pour un futur que nous souhaitons meilleur.

SIMONE MATUSALEM et JEAN-LOUIS GUGLIELMI

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