Ce 2 mai après-midi, nous avons tenté de faire revivre la mémoire de la Commune de Lyon qui connut une fin tragique le 30 avril 1871 dans le quartier de la Guillotière.

Pierre Girod, de la Libre Pensée et moi-même, secrétaire de l’Institut CGT d’Histoire Sociale Rhône Alpes et membre des Amis de la Commune, avons élaboré le projet de dépôt d’une plaque sur le mur d’un bâtiment abritant une enseigne de restauration rapide, qui a été, en son temps, la mairie de la Guillotière. Cette plaque reproduirait une gravure ancienne, dont on ignore le nom de l’auteur, avec un court texte expliquant les barricades, les combats entre les habitants et l’armée appelée en renfort pour réduire l’insurrection.

Fresque de Sylexer  en hommage aux massacrés  de la Commune de Lyon,  visible sur l’avenue  Berthelot à Lyon.

Fresque de Sylexer en hommage aux massacrés de la Commune de Lyon, visible sur l’avenue Berthelot à Lyon. 

Ce projet, soumis dès l’an dernier à la ville de Lyon, n’a pas encore abouti, mais nous ne baisse­rons pas les bras. Ce projet en accompagne un autre. Il y a, à Lyon, une avenue Thiers. Rien ne permet d’affirmer qu’elle est dédiée à Adolphe Thiers, mais bien plutôt à Édouard Thiers, polytechnicien, capi­taine de l’armée républicaine, combattant dans la défense de Belfort, puis député républicain du Rhône. Nous agissons pour que cette reconnaissance républicaine soit effective.

Mais revenons à ce que fut la Commune à Lyon. Le désastre de Sedan, qui fait de Bismarck le vain­queur de Napoléon III, entraîne l’invasion alle­mande. À Lyon, le 4 septembre 1870, dès 8 heures du matin une foule, essentiellement venue des quar­tiers ouvriers, se rassemble place des Terreaux devant l’Hôtel de Ville. Un Comité de Salut Public est investi par acclamation. La République est procla­mée. Sur près de 70 membres, une vingtaine, au maximum, se réclame de l’Association internationale des travailleurs. À 9 heures, le drapeau rouge flotte sur l’Hôtel de Ville. Au même moment se formait autour du docteur Crestin, à la Guillotière, un Comité révolutionnaire. Du 5 au 15 septembre, de nom­breuses décisions sont prises qui anticipent celles qu’allait prendre Paris :

  • Suppression des allocations aux presbytères et aux associations religieuses ;
  • Suppression des corporations religieuses et adresse en faveur de la séparation de l’Église et de l’État ;
  • Suppression de l’octroi ;
  • Création de chantiers nationaux pour remédier au chômage et activer les travaux de défense ;
  • Restitution des objets déposés au Mont de Piété ;
  • Impôt exceptionnel de 0,5% sur les valeurs mobilières et immobilières ;
  • Réquisition de 20 millions de francs payés par les riches ;
  • Élection des commissaires de police.

C’est la loi du 14 avril 1871 qui délègue « provisoi­rement » au gouvernement « la nomination des maires et des adjoints dans les villes de plus de 20.000 âmes », qui va déclencher, le 30 avril l’insur­rection de la Guillotière. Nombre de gardes natio­naux, y compris parmi ceux des « beaux quartiers », refusent de marcher contre les insurgés, d’autant que l’agitation commence à gagner la Croix Rousse. Beaucoup, arrivés au contact de la population de la Guillotière, se rallient au mouvement, crosses en l’air. Il faudra faire appel à l’armée pour venir à bout de l’insurrection au prix d’une cinquantaine de victimes.

ALAIN BUJARD

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